Infolettre 365 - 26 janvier 2024 : Noix et risque cardiovasculaire • MSM et santé des articulations • Extrait de grenade et microbiote intestinal Noix et risque cardiovasculaire Par un effet modulateur sur le microbiote intestinal, les noix, consommées régulièrement, pourraient exercer un effet bénéfique sur le risque cardiovasculaire. Des données récentes suggèrent que le microbiome intestinal contribuerait, dans certains cas, au développement de maladies cardiovasculaires. L’alimentation impacte la composition du microbiote intestinal et les métabolites qui en résultent, affectant la santé de l’hôte. Des études montrent que la consommation de noix a une influence sur la composition du microbiote. Cependant, il y a très peu de recherches effectuées sur son impact sur la fonctionnalité du microbiote.L’intérêt des noixUne consommation régulière de noix est inversement associée au risque cardiovasculaire. Des essais randomisés contrôlés indiquent que les noix améliorent les facteurs de risque majeurs de maladie cardiovasculaire incluant les lipides et les lipoprotéines. La consommation de noix affecte la composition du microbiote et, en particulier l’enrichie en bactéries impliquées dans la production d’acides gras à chaîne courte et dans le métabolisme des ellagitannins. De plus, cet enrichissement bactérien est inversement relié aux facteurs de risque cardiovasculaire. Ces éléments suggèrent que la consommation de noix modifie la composition du microbiote intestinal et, par suite, affecte sa fonctionnalité pour abaisser le risque cardiovasculaire. Cependant, cela n’avait pas été directement évalué.Des analyses métatranscriptomiquesLa métatranscriptomique représente l’ensemble des gènes et des fonctions exprimées (les transcriptomes) par les différents microorganismes d’un échantillon. Dans le cas présent, elle permet d’établir un profilage complet de l’expression des gènes et une estimation de la fonctionnalité du microbiome. Une telle analyse a été réalisée sur des échantillons provenant d’une précédente étude randomisée, contrôlée. L’objectif de cette étude était de caractériser les effets sur l’expression de gènes bactériens d’une alimentation riche en noix et de les comparer à ceux d’une alimentation dépourvue de noix mais contenant les mêmes acides gras et à une alimentation dans laquelle l’acide oléique remplaçait l’acide alpha-linolénique. Les résultats de l’analyse montrent que par rapport aux autres alimentations, celle enrichie en noix a affecté les diversités alpha et bêta des gènes exprimés suggérant que l’ensemble de la matrice de la noix module la fonctionnalité du microbiome. Des variabilités substantielles de l’expression des gènes ont été observées entre et chez les individus. L’alimentation enrichie en noix a, en particulier, augmenté l’expression de deux gènes liés au métabolisme : glycine aminotransférase (K00613) et arginine déiminase (K01478). Ces enzymes sont impliquées dans des voies métaboliques susceptibles d’apporter une protection cardiovasculaire. Compte tenu de la nature exploratoire de cette analyse, des réplications de ces travaux sont nécessaires.Peetersen KS et al., Walnut consumption and gut microbial metabolism : results of an exploratory analysis from a randomized, cross-over, controlled feeding. Clinical Nutrition 2023 ; 42 : 2258-2269.0 PartagesPartagezTweetezPartagez0 PartagesPartagezTweetezPartagez MSM et santé des articulations Chez des personnes en bonne santé, la consommation de MSM (Méthylsulfonylméthane) aurait des effets bénéfiques sur des douleurs articulaires légères. Une inflammation et la destruction locale de l’articulation sont à l’origine d’inconforts articulaires. Les douleurs qu’elles provoquent deviennent souvent chroniques et peuvent progresser vers des maladies telles que l’arthrose. Celle-ci est le résultat notamment d’une augmentation de la destruction du cartilage qui perturbe la synthèse de nouveaux chondrocytes. Un déséquilibre entre la synthèse et la dégradation du cartilage peut entrainer une inflammation et l’exacerbation de l’arthrose. L’intérêt du MSMLe MSM est composé à 34 % de soufre qui est présent en quantité relativement importante dans les cartilages. Ila été suggéré que le MSM pourrait jouer un rôle dans la prévention de l’arthrose. On a effectivement montré qu’il favorise la différentiation des ostéoblastes. Le MSM possède également des propriétés anti-inflammatoires. Par ailleurs, après l’ingestion de MSM, le soufre qui en dérive s’incorpore dans les articulations, suggérant un possible effet bénéfique pour leur santé. Des études cliniques et pré-cliniques ont effectivement montré son utilité en cas de maladie des articulations telle que l’arthrose. Mais il n’existe pas de données soutenant l’intérêt d’une supplémentation en MSM en prophylaxie de maladies des articulations.Quel intérêt pour des articulations saines ?Une étude clinique randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo a évalué les effets d’une supplémentation en MSM chez des personnes en bonne santé souffrant de légères douleurs aux genoux. Quatre-vingt-huit personnes ont été enrôlées dans cette étude. Pendant 12 semaines, elles ont pris quotidiennement 2 g de MSM ou un placebo.Les résultats indiquent que, par rapport au placebo, la consommation de MSM a généré des améliorations significatives en termes de douleurs matinales, de douleurs en position debout ainsi que sur l’état de santé général et la qualité de vie des participants. Les participants à cette étude souffraient de légères douleurs aux genoux. Cependant, ils avaient de faibles concentrations sanguines de marqueurs de l’inflammation. Le pouvoir anti-inflammatoire du MSM n’a donc pas pu être mis en évidence. D’autres études devront se concentrer sur d’autres marqueurs mieux adaptés pour évaluer les effets anti-inflammatoires de la consommation de MSM par des personnes en bonne santé présentant des problèmes de genoux.Toguchi A et al., Methylsulfonylmethane improves knee quality of life in participants with mild knee pain : a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. Nutrients 2023 ; 15 : 2995.0 PartagesPartagezTweetezPartagez Extrait de grenade et microbiote intestinal La consommation d’un extrait de grenade riche en punicalagine renforcerait la santé de l’intestin et de ses communications avec le reste de l’organisme. La composition du microbiome intestinal est influencé par l’alimentation, les maladies et les médicaments. L’intérêt des polyphénolsC’est une famille de molécules fortement antioxydantes que l’on trouve en abondance dans les v... de la grenadeDe nombreuses études cliniques et pré-cliniques se sont intéressées aux effets bénéfiques pour la santé de différents composant du jus et d’extraits de grenade. Quelques-unes ont évalué ces effets sur le microbiome intestinal.Ainsi, par exemple, des essais in vitro ont montré qu’un extrait de grenade et du jus de grenade augmentaient l’abondance relative de bactéries bénéfiques telles que des lactobacilles et des bifidobactéries. Des études sur animaux ont également mis en lumière une augmentation des bifidobactéries après 4 semaines de supplémentation avec un extrait d’écorce de grenade. Cet effet prébiotique sur les lactobacilles et les bifidobactéries pourrait apporter une protection contre la surcroissance de micro-organismes internes et externes impliqués dans le vieillissement et différentes maladies.De plus, l’enrichissement de ces espèces pourrait être modulé par des métabolites de l’urolithine qui sont issus de l’hydrolyse par le microbiote intestinal de l’acide ellagique et d’ellagitannins. Ces métabolites sont considérés comme possédant des propriétés bénéfiques. Des études précliniques ont en effet montré leur implication notamment dans le bon fonctionnement des mitochondriesLes mitochondries sont les usines qui produisent énergie dont les cellules ont besoin pour fonction.... Ils pourraient donc être bénéfiques en cas de troubles intestinaux, neurodégénératifs ou métaboliques.Quels effets sur le microbiome intestinal ?Une étude a évalué les effets d’un extrait de grenade enrichi en punicalagine sur le microbiome et les acides gras à chaîne courte de volontaires en bonne santé. Vingt-huit personnes, âgées de 25 à 55 ans, ont participé à cette étude randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo. Elles ont pris quotidiennement pendant 4 semaines 250 mg d’un extrait de grenade contenant 75 mg de punicalagine ou un placebo.L’analyse des données montrent que, par rapport au placebo, l’extrait de grenade a significativement augmenté l’abondance des bactéries productrices d’acides gras à courte chaine. Cette augmentation s’est accompagnée de niveaux plus élevés d’acétates et de propionates circulants. Les niveaux d’urolithine circulante ont également été accrus. D’autres études devront explorer les implications de ces résultats sur un plus grand nombre de personnes et une durée plus importante.Sivamani RK et al., Prospective randomized, double-blind, placebo-controlled study of a standardized oral pomegranate extract on the gut microbiome and short-chain fatty acids. Foods 2024 ; 13 : 15.0 PartagesPartagezTweetezPartagez 26 janvier 2024