Infolettre 107 – 14 septembre 2018 : Cannelle et syndrome des ovaires polykystiques • Vitamine D et prédiabète • Canneberge et prévention de la gingivite CannelleLe syndrome des ovaires polykystiques se manifeste par un ensemble de signes provoqués par un déséquilibre hormonal. Il touche 5 à 10 % des femmes. Il est caractérisé par une augmentation anormale de la production d’androgènes, les hormones mâles, par les ovaires. Le diagnostic est confirmé lorsque deux des critères suivants sont présents : – Acné, hirsutisme (développement excessif, chez une femme, du système pileux). – Une concentration sanguine trop élevée d’hormones mâles et, notamment, de testostérone et d’androstènedione. – Une dysovulation ou une anovulation : des cycles menstruels irréguliers, plutôt longs ou une absence totale d’ovulation. – Un aspect multifolliculaire des ovaires observé à l’échographie : les ovaires sont légèrement plus gros que la normale. Ils contiennent plus de 19 petits follicules dont la croissance s’arrête vers 8 mm. Dans la plupart des cas, ces symptômes apparaissent à la puberté mais ils peuvent également survenir plus tard à la suite d’une prise de poids. Des problèmes métaboliques sont également associés à ce syndrome. Une insulinorésistance, une concentration élevée d’insuline, une dyslipidémie ainsi qu’un surpoids ou une obésité peuvent ainsi être présents. La cannelle est une substance aromatique extraite de l’écorce interne du cannelier. Son utilisation comme épice et pour ses propriétés médicinales remonte à l’Antiquité. Elle est citée dans écrits chinois, sanskrits et égyptiens. La cannelle est riche en antioxydantsUn antioxydant est une substance qui s’oppose à l’action délétère des radicaux libres et pro.... Des études ont montré qu’elle pourrait avoir des effets bénéfiques chez des personnes présentant un diabète. Une étude randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo a évalué l’effet d’une supplémentation en cannelle sur les facteurs de risque métaboliques de femmes présentant un syndrome des ovaires polykystiques. Quatre-vingt quatre femmes âgées de 20 à 38 ans avec un index de masse corporelle compris entre 25 et 40 ont été enrôlées dans cette étude. Elles ont été réparties de façon aléatoire en deux groupes. Elles ont ensuite reçu quotidiennement 1500 mg de cannelle ou un placebo pendant huit semaines. Des échantillons de sang à jeun ont été collectés au début de l’étude et à la fin. Les résultats montrent que, par rapport aux femmes sous placebo, celles prenant de la cannelle ont vu leur poids et leur index de masse corporelle diminuer de façon significative. Leur glycémie, leurs concentrations en insuline, en HOMA-IR (un indicateur de l’insulinorésistance), en cholestérol-LDL et en cholestérol total ont été améliorées. Par contre, les modifications des concentrations de triglycérides et d’adiponectine n’étaient pas significatives. Cette étude a des limites qui incluent notamment sa relativement courte durée, l’utilisation d’une seule dose de cannelle et l’inclusion de femmes obèses ou en surpoids. D’autres études devront examiner l’effet d’une supplémentation en cannelle chez des femmes de poids normal présentant un syndrome des ovaires polykystique. Borzoei A et al., Cinnamon improves metabolic factors without detectable effects on adiponectine in women with polycystic ovary syndrome. Asia pac J Clin Nutr 2018 ;27 (3) : 556-563. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez Vitamine DL’intérêt des effets protecteurs de la vitamine D contre la progression du diabète a été souligné au cours de ces dernières années. Des études d’intervention, plusieurs essais randomisés contrôlés et des méta-analyses ont été conduits pour examiner l’effet d’une supplémentation en vitamine D sur les mesures de la glycémie et la sensibilité à l’insuline dans des populations de prédiabétiques. Cependant, aucune conclusion décisive n’a encore pu être tirée de ces rapports. Certains résultats conflictuels provenant de ces études sont dus à leurs limitations : notamment, l’inclusion d’études dont l’objectif de départ n’était pas d’évaluer la glycémie, les tailles d’échantillons relativement petites, des rapports limités sur les concentrations en 25(Oh)D, des doses inadaptées ou insuffisamment fréquentes de vitamine D, la durée assez courte des supplémentations qui ne tient pas compte de la physiologie … Des chercheurs ont réalisé une revue systématique et méta-analyseC’est une technique statistique qui consiste à réunir les données provenant de différentes ét... qui n’a porté que sur des études randomisées contrôlées. Son objectif était d’examiner l’impact d’une supplémentation en vitamine D sur le contrôle de la glycémie et l’insulinorésistance dans des populations de prédiabétiques et/ou en surpoids ou obèses. Ils ont restreint leur analyse à des essais avec des supplémentation quotidiennes ou hebdomadaires qui fournissent des concentrations sériques soutenues de 25(OH)D. La période de supplémentation devait être supérieure à deux mois ou suffisamment longue pour le renouvellement de l’hémoglobine glyquée et avoir un impact mesurable sur les concentrations en 24(OH)D. En d’autres termes, que la dose soit suffisamment élevée pour avoir un impact sur le statut en vitamine D. Ils ont retenu vingt-huit études portant sur un total de 3848 personnes. Onze d’entre elles concernaient des personnes prédiabétiques et seize une population à haut risque de diabète. Ils ont observé qu’une supplémentation en vitamine D avait des effets bénéfiques sur l’hyperglycémie et l’insulinorésistance. Une supplémentation en vitamine D et une augmentation des concentrations en 25(OH)D améliorent la sensibilité à l’insuline (diminuent les concentrations de HOMA-IR), le métabolisme du glucose et le contrôle de la glycémie (avec notamment une réduction des concentrations en hémoglobine glyquée). Les résultats suggèrent qu’une concentration sérique en 25(OH)D supérieure à 86 nmol/L peut améliorer les mesures du métabolisme du glucose et la réponse à l’insuline chez des prédiabétiques. De telles concentrations peuvent être obtenues avec une dose quotidienne de 3500 UI de vitamine D. Mirhosseini N et al., Vitamin D supplementation, glycemic control and insulin resistance in prediabetics. A meta-analysis. J endo Soc 2018 ;2(7) : 687-709. CannebergeLa gingivite est une inflammation de la gencive causée par la plaque dentaire et les bactéries qu’elle contient. La gencive est gonflée et saigne facilement. A ce stade, la maladie est réversible. L’objectif du traitement de la gingivite est de réduire l’inflammation en nettoyant les dents pour enlever la plaque dentaire. La canneberge (Vaccinium macrocarpon) est un arbuste à feuilles persistantes qui pousse dans les tourbières de l’est de l’Amérique du Nord et au Canada. On l’appelle aussi grande airelle rouge. Les Amérindiens consommaient ses fruits sauvages et rares qu’ils appelaient « atoka ». Ils appréciaient ses effets bénéfiques pour désinfecter les plaies, sur les problèmes de vessie et des reins ou pour l’hygiène bucco-dentaire. La canneberge est particulièrement riche en polyphénolsC’est une famille de molécules fortement antioxydantes que l’on trouve en abondance dans les v... (anthocyanes, flavonoïdesLes flavonoïdes donnent leur couleur brune, rouge, jaune, violette ou bleue aux fleurs et aux fruit..., proanthocyanidines), de puissants antioxydantsUn antioxydant est une substance qui s’oppose à l’action délétère des radicaux libres et pro... avec des propriétés anti-inflammatoires, ayant de nombreux effets bénéfiques sur la santé. Une étude a évalué l’efficacité d’une supplémentation avec des proanthocyanidines de canneberge et de la vitamine C sur la prévention de la gingivite. Vingt sujets ont été enrôlés dans cette étude prospective, randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo. Ils ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes. Ils ont ensuite pris, quotidiennement, le soir après le dîner et s’être rincé la bouche avec de l’eau, 90 mg d’un extrait de canneberge apportant 36 mg de proanthocyanidines avec 120 mg de vitamine C ou un placebo pendant 21 jours. L’indice de plaque de Silness et Loe évalue la superficie et l’épaisseur de la plaque dentaire. Les résultats montrent que la prise d’un complément alimentaire contenant un extrait de canneberge et de la vitamine C a des effets bénéfiques sur la santé des tissus du parodonte. La supplémentation a abaissé l’index de saignement gingival et l’index de plaque. Cependant, Elle n’a pas eu d’effet bénéfique sur la plaque dentaire recouvrant la surface des dents. D’autres études sont nécessaires pour valider ces résultats. Diaz-Sanchez RM et al., A prospective, double-blind, randomized, controlled clinical trial in the gingivitis prevention with an oligomeric proanthocyanidin nutritional supplement. Mediators of Inflammation, 2017 ;ID7460780, 70 PartagesPartagezTweetezPartagez 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 22 septembre 2018