Infolettre 403 - 26 octobre 2024 : Probiotiques, vitamine D et migraine • Cassis et ostéoporose • Curcumine et diabète Probiotiques, vitamine D et migraine La prise de probiotiques associés à de la vitamine D aurait des effets bénéfiques en cas de migraine. Une interaction avec le microbiote intestinal ?La physiopathologie de la migraine est complexe et les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore complètement décryptés. Des données récentes suggèrent que l’axe intestin-cerveau y jouerait un rôle.La migraine pourrait être liée à des comorbidités intestinales comme la diarrhée, la constipation, des maladies inflammatoires de l’intestin, le syndrome de l’intestin irritable, une infection à Helicobacter pylori, ainsi que des troubles de l’interaction intestin-cerveau tels qu’une dyspepsie fonctionnelle ou le syndrome des vomissements cycliques.De plus, pendant les attaques de migraine, des niveaux plus élevés de cytokines inflammatoires, résultat d’une dysbiose intestinale et d’une augmentation de la perméabilité de la barrière intestinale, ont été observés. En outre, des neurotransmetteurs comme la sérotonine sont impliqués dans la pathogenèse de la migraine à travers l’axe intestin-cerveau.Il semble donc que des stratégies thérapeutiques influant sur le microbiote intestinal pourraient avoir une utilité dans la prise en charge de la migraine. Des probiotiques pourraient donc probablement soulager les maux de tête migraineux en améliorant le fonctionnement de l’axe intestin-cerveau.Un rôle pour la vitamine D ?Des données récentes révèlent une influence de la vitamine D sur le microbiote intestinal. Par ailleurs, des études montrent qu’une supplémentation en vitamine D aurait des effets bénéfiques sur la fréquence et la sévérité des crises de migraine.Des probiotiques associés à de la vitamine DDes chercheurs ont conçu une étude dans l’objectif d’évaluer les effets d’une supplémentation combinée en probiotiques et vitamine D sur la fréquence, la sévérité et la durée des crises de migraine. Soixante-douze personnes souffrant de migraine ont été enrôlées dans cette étude randomisée, contrôlée contre placebo et en triple aveugle. Pendant trois mois, elles ont reçu un placebo ou 50 000 UI de vitamine D toutes les deux semaines, plus, chaque jour, une formulation probiotique.Les résultats montrent que, par rapport au placebo, la co-supplémentation a provoqué une réduction significativement plus importante de la fréquence et de la sévérité des crises migraineuses. D’autres recherches devront venir confirmer ces résultats.Tirani SA et al., Effects of probiotic and vitamin D co-supplementation on clinical symptoms, mental health and inflammation in adult patients with migraine headache: a randomized, triple-blinded, placebo-controlled trial. BMC Medicine, 2024; 22:457.0 PartagesPartagezTweetezPartagez0 PartagesPartagezTweetezPartagez Cassis et ostéoporose Chez des femmes ménopausées, le cassis aiderait à atténuer la perte osseuse L’ostéoporose touche une femme sur quatre âgées de 65 ans et plus. Ce trouble métabolique progressif osseux est associé à un risque élevé de fractures.Un lien avec le microbioteDe nombreuses données suggèrent que la perte osseuse, dans l’ostéoporose, est étroitement liée à la régulation de l’immunité et des hormones. Celle-ci est influencée par le microbiote intestinal. Des agents alimentaires capables de le moduler pourraient donc réduire le risque d’ostéoporose.De récentes études sur des animaux ont identifié une étroite relation entre le microbiote intestinal et le métabolisme osseux. Elles suggèrent qu’un dérèglement du microbiote intestinal contribuerait au développement de l’ostéoporose et pourrait servir de cible thérapeutique potentielle pour la traiter.Le microbiote intestinal régulerait le métabolisme osseux en produisant des molécules ayant des fonctions anti-inflammatoires et immunomodulatrices, capables d’influer sur les cellules immunitaires.L’intérêt du cassisLe cassis (Ribes nigrum) contient la plus grande quantité d’anthocyanes par comparaison avec les baies les plus couramment consommées comme les myrtilles, les mûres, les framboises ou les canneberges. Les anthocyanes ont montré qu’elles avaient des effets bénéfiques pour la santé en raison de leurs propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires, ainsi que par leur influence sur la composition du microbiote intestinal.Quels effets sur la densité osseuse ?Une étude pilote a examiné les effets du cassis sur la composition et l’abondance du microbiote intestinal, les réponses immunitaires et inflammatoires et leurs liens avec des changements dans la masse osseuse.Quarante femmes, âgées de 45 à 60 ans, en périménopause ou ménopausées, ont pris part à cette étude randomisée, contrôlée contre placebo et en double aveugle. Pendant six mois, elles ont pris quotidiennement 392 ou 784 mg de cassis ou un placebo.Les résultats montrent que la consommation de cassis a efficacement atténué la perte de densité osseuse dans l’ensemble du corps. Ce résultat a été obtenu à travers la modulation du microbiote intestinal et l’inhibition des cytokines impliquées dans l’ostéoclastogenèse. D’autres essais à plus grande échelle sont nécessaires pour valider les effets bénéfiques potentiels du cassis sur la densité minérale osseuse.Nosal BM et al., Blackurrants shape gut microbiota profile and reduce risk of postmenopausal osteoporosis via the gut-bone axis : evidence from a pilot randomized controlled trial. The Journal of Nutritional Biochemistry 2024 November; 109701.0 PartagesPartagezTweetezPartagez Curcumine et diabète La curcumine améliorerait le fonctionnement des cellules bêta du pancréas et diminuerait la résistance à l’insuline et le poids corporel de personnes obèses et diabétiques de type 2. Le diabète de type 2 est caractérisé par une incapacité à produire l’insuline ou à l’utiliser correctement, avec pour conséquences une altération du métabolisme des glucides, des graisses et des protéines, ainsi qu’une hyperglycémie durable.Obésité et cellules bêtaL’obésité est un contributeur important à l’insulinorésistance, conduisant souvent rapidement à un dysfonctionnement des cellules bêta du pancréas, les cellules productrices de l’insuline, puis au développement d’un diabète de type 2. Peu de traitements antidiabétiques ont montré la capacité à prévenir le déclin progressif des cellules bêta.L’intérêt de la curcumineLe curcuma est un élément important des médecines traditionnelles indienne et chinoise. La curcumine, son principal ingrédient actif, possède un vaste éventail d’activités biologiques incluant notamment des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et antiprolifératrices. Par ailleurs, des travaux in vitro et sur modèles animaux montrent sa capacité potentielle à diminuer l’insulino-résistance.Quels effets chez des diabétiques obèses ?Une étude randomisée, contrôlée contre placebo et en double aveugle a évalué les effets de la prise de curcumine chez des personnes obèses et diabétiques. Deux cent soixante-douze personnes ont été enrôlées dans cette étude. Pendant un an, elles ont consommé quotidiennement 1500 mg de curcumine ou un placebo.Les résultats montrent que la prise de curcumine a significativement abaissé la glycémie à jeun. De plus, elle a amélioré le fonctionnement global des cellules bêta, indiqué par un HOMA-bêta plus élevé. L’indice HOMA (homeostasis model assessment) est utilisé pour évaluer l’insulino-résistance et la fonction des cellules bêta du pancréas. Par rapport au groupe placebo, les personnes ayant consommé la curcumine présentaient un niveau d’HOMA-IR plus bas et une concentration d’adiponectine plus élevée. De plus, l’indice de masse corporelle a été abaissé.Yalkawawong M et al., Curcumin extract improves beta cell functions in obese patients with type 2 diabetes : a randomized controlled trial. Nutrition Journal 2024;23: 119.0 PartagesPartagezTweetezPartagez 26 octobre 2024