Infolettre 89 – 4 mai 2018 : Safran, dépression et anxiété • Probiotiques et santé bucco-dentaire • Poisson et maladie de Parkinson Safran, dépressionLe safran, extrait du Crocus sativus, est une épice dont l’usage remonte à plus de 3 000 ans. On retrouve le safran sur des fresques dans le palais de Cnossos, en Crète ou dans les ruines d’Akrotiri sur l’île de Santorin. Son utilité dans le domaine de la santé est bien moins connue que son usage culinaire. Pourtant, les Egyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains de l’Antiquité l’utilisaient aussi pour ses vertus médicinales. Le safran était notamment employé pour stimuler les règles, soulager les douleurs spasmodiques ou les symptômes de la dépression. On le surnomme l’or rouge en raison de son prix élevé. celui-ci est dû au fait qu’il faut 150 000 fleurs de crocus pour obtenir un seul kilo de safran sec. On lui connait quatre principes actifs : – La crocine et la crocétine, deux caroténoïdesLes caroténoïdes sont des pigments naturels qui apportent une coloration variant du jaune-orangé ... responsables de sa couleur jaune-orangée – La picrocine qui lui apporte sa saveur et son goût amer, – Le safranal à qui il doit son arôme et son odeur. Le safran s’est montré efficace dans le traitement de dépressions ou d’anxiété légères à modérées chez des adultes. Son efficacité n’avait par contre pas encore été étudiée chez de jeunes sujets. Quatre-vingt adolescents et adolescentes, âgés de 12 à 16 ans, physiquement en bonne santé ont été enrôlés dans un essai clinique randomisé et contrôlé contre placebo. Les sujets souffraient d’anxiété ou de dépression légères à modérées. Ils ont pris pendant huit semaines, 14 mg deux fois par jour d’un extrait de safran. Les résultats montrent que la prise de l’extrait de safran a généré une diminution de 33 % des symptômes d’anxiété et d’obsessions/compulsions contre 17 % dans le groupe placebo. De même, un pourcentage plus important de sujets a répondu au traitement que dans le groupe placebo (37 % contre 11 %). Pour les chercheurs, l’extrait de safran pourrait constituer un traitement efficace des symptômes d’anxiété et de dépression légers à modérés chez des adolescents. Comme c’est le premier essai de cette nature, d’autres recherches sont nécessaires notamment pour déterminer la dose adéquate et confirmer ces effets bénéfiques dans des études de plus longue durée. Lopresti AL et al. Prodanov M affron, a standardised extract from saffron (crocus sativus L.) for the treatment of youth anxiety and depressive symptoms : a randomised, double-blind, placebo-controlled study. J affect Disord May 2018 ; 232 : 349-357. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez ProbiotiquesLa cavité buccale contient, comme les intestins, des bactéries. On parle même de microbiote buccal. Ces bactéries se répartissent en deux sous-groupes : une flore commensale qui joue un rôle bénéfique et une flore pathogène. Ces deux populations peuvent cohabiter sans danger à condition de rester en équilibre. Mais différents facteurs comme une hygiène buccale insuffisante, un affaiblissement du système immunitaireSon rôle est de protéger l’organisme des agresseurs extérieurs et internes : virus, bactéries... ou une mauvaise alimentation peuvent perturber cet équilibre ouvrant ainsi la porte à des maladies infectieuses. Les probiotiques sont définis comme des micro-organismes qui, administrés en quantité adéquate, sont bénéfiques pour la santé de l’hôte. Des études in vitro et in vivo indiquent que l’utilisation de probiotiques pourrait avoir des effets bénéfiques et diminuer le nombre de bactéries pathogènes dans la cavité buccale, rééquilibrant ainsi le microbiote. Cent-huit collégiens, âgés de 13 à 15 ans, ont été enrôlés dans une étude dont l’objectif était de déterminer l’effet d’une combinaison de probiotiques, Lactobacillus rhamnosus GG (LGG) et bifidobacterium lactis BB-12, sur la santé gingivale, l’accumulation de plaque dentaire et la présence dans la cavité buccale de bactéries parodontales potentiellement pathogènes. Les enfants ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes et ont reçu deux fois par jour des pastilles à sucer contenant les deux souches de probiotiques ou un placebo pendant quatre semaines. Les résultats montrent que la supplémentation avec les deux souches de probiotique a amélioré de façon significative la santé gingivale des adolescents. Elle a également diminué le nombre de bactéries parodontales potentiellement pathogènes. Pour les auteurs de l’étude, une supplémentation en probiotiques pourrait servir de complément aux soins dentaires classiques pour améliorer la santé bucco-dentaire des adolescents. Alanzi A et al., Effect of lactobacillus rhamnosus and Bifidobacterium lactis on gingival health, dental plaque and periodontopathogens in adolescents : a randomised placebo-controlled clinical study. Benef Microbes 2018 Apr 10 : 1-10. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez PoissonLe poisson est depuis longtemps considéré comme un aliment bénéfique pour la santé et, en particulier pour la santé neurologique à long terme. Mais les raisons de ces effets bénéfiques ne sont pas clairement identifiées. On les attribue souvent à la présence des acides gras polyinsaturésLes acides gras polyinsaturés (AGPI) appartiennent à la catégorie des lipides. Ils ont de nombreu.... Cependant, sur ce point, les recherches aboutissent à des résultats contradictoires. Une équipe de chercheurs montre que la protéine parvalbumine, très couramment présente dans de nombreuses espèces de poisson, pourrait contribuer à ces effets bénéfiques. Dans plusieurs maladies neurodégénératives telles que les maladies d’Alzheimer, de Parkinson, le syndrome d’Huntington ainsi que des maladies à prions infectieuses, on observe la présence de dépôts insolubles de protéines dans les tissus qui provoquent des lésions irréversibles. Ce sont des dépôts de fibrilles amyloïdes généralement liés à un changement de conformation d’une protéine normalement inoffensive. L’alpha-synucléine, une petite phosphoprotéine, est à la fois le précurseur d’un peptide que l’on retrouve dans les plaques séniles de la maladie d’Alzheimer et le composant principal des corps de Lewy caractéristiques de la maladie de Parkinson. Les chercheurs ont découvert que la parvalbumine peut former des structures amyloïdes qui se lient avec la protéine alpha-synucléine. En fait, la parvalbumine neutralise les protéines alpha-synucléines en les utilisant pour ses propres besoins. Elle les empêche ainsi de former plus tard des amyloïdes potentiellement dangereuses. Cette protéine parvalbumine étant particulièrement abondante dans certains poissons, augmenter la quantité de poisson dans l’alimentation pourrait être un moyen d’aider à prévenir la maladie de Parkinson et, peut-être d’autres maladies neurodégénératives. Le poisson est normalement beaucoup plus nutritif à la fin de l’été quand son activité métabolique est augmentée. Les concentrations en parvalbumine sont plus élevées après que le poisson ait reçu un peu de soleil. Il serait donc plus bénéfique d’augmenter la consommation de poisson, plus particulièrement en automne. Werner T et al., Abundant fish protein inhibits alpha-nuclein amyloid formation. Scientific report. 2018 ; 8 : 5465. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 11 mai 2018