Infolettre 226 – 29 Décembre : Framboises et système immunitaire • Hespéridine et performances • Myrtilles et travail sur écran FramboisesDes études épidémiologiques et cliniques soulignent la contribution au maintien voire, à l’amélioration de l’équilibre métabolique, apportée par une alimentation riche en aliments d’origine végétale. Cette contribution est principalement due à leur contenu en fibres et en composés phytochimiques. A l’inverse, suivre une alimentation pauvre en ces éléments sur une longue durée constitue le principal facteur prédisposant à une dérégulation de l’équilibre métabolique. Une dérégulation métabolique peut être regardée comme un vaste éventail de phénotypes intermédiaires qui convergent tous avec le temps vers un syndrome métabolique, un ensemble d’anomalies immunitaires et métaboliques interreliées qui augmentent le risque de développer un diabète de type II ou une maladie athéromateuse. Les efforts faits pour augmenter la consommation de légumes et de fruits des populations ne sont pas totalement efficaces. Par ailleurs, il est difficile changer durablement les habitudes alimentaires. Cela souligne l’importance qu’il y a à identifier des interventions nutritionnelles simples susceptibles d’augmenter le contenu en fibre et en composés phytochimiques de l’alimentation. Par ailleurs, des données de plus en plus importantes suggèrent que les baies pourraient jouer un rôle dans la prévention et la gestion des troubles métaboliques. Les framboises sont parmi les plus couramment consommées. Elles sont pauvres en sucre et particulièrement riches en fibres et en composés phénoliques, essentiellement des anthocyanines et des tannins ellagiques. Des recherches réalisées avec des extraits de framboises ou des composants purifiés ont montré des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires et métaboliques. Elles suggèrent que des composants de la framboise pourraient aider à améliorer ou traiter certaines anomalies immuno- métaboliques. Une étude a évalué les effets de la consommation de framboises sur les caractéristiques immuno- métaboliques de personnes à risque de développer un syndrome métabolique. Son objectif était également d’identifier les mécanismes soutenant ces effets. Cinquante neuf personnes obèses ou en surpoids avec, en plus, une légère hyper-insulinémie ou hypertriglycéridémie ont été enrôlées dans cette étude en bras parallèles, randomisée et contrôlée. Pendant huit semaines, la moitié d’entre elles a consommé chaque jour 280 g de framboises surgelées. Les résultats indiquent que la consommation de framboises n’a pas significativement affecté les concentrations plasmatiques de marqueurs de l’inflammation, de l’insuline ou du sucre pas plus que la pression sanguine. Par contre, elle a modifié l’expression de 43 gènes et plusieurs voies fonctionnelles ont été enrichies. Une majeure partie d’entre eux étaient impliqués dans la régulation de la cytotoxicité, la circulation des cellules immunitaires, des protéines de transduction ou la production d’interleukines. De plus, dix métabolites sériques ont été altérés et parmi eux des lipides bioactifs, la bêta-alanine, et l’oxyde de triméthylamine. Franck M et al., Effects of daily raspberry consumption on immune-metabolic health in subject at risk of metabolic syndrome : a randomized controlled trial. Nutrients 2020,12,3858. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 0 PartagesPartagezTweetezPartagez HespéridineL’hespéridine est un flavonoïde, un flavone, essentiellement présent dans les agrumes et à forte concentration dans les oranges sucrées (Citrus sinensis). Des essais cliniques ont montré les effets bénéfiques pour la santé de l’hespéridine et de ses métabolites. Elle possède en effet des propriétés antioxydantes, anti-inflammatoires. Elle inhibe l’accumulation de graisse, améliore l’équilibre du glucose et la sensibilité à l’insuline. Relativement peu de recherches se sont intéressées à ses effets sur les performances physiques. Chez des femmes âgées, en bonne santé et entraînées, la consommation régulière pendant quatre semaines d’un jus d’orange riche en hespéridine a significativement augmenté, par rapport au placebo, leur capacité de travail. Une étude randomisée, contrôlée, en double aveugle a évalué les effets de la consommation quotidienne d’un extrait d’orange sucrée, riche en hespéridine, chez quarante cyclistes amateurs. Pendant huit semaines, ils ont consommé quotidiennement 500 mg d’hespéridine ou un placebo. Les participants ont été soumis à différents tests avant le début de la supplémentation et à la fin. Un test incrémental montre une amélioration des performances dans la FTP estimée et la force maximale dans le groupe ayant pris l’hespéridine par rapport à celui sous placebo. La FTP, Functional Threshold power, représente la puissance maximale qu’une personne est capable de maintenir pendant 60 minutes. Ces améliorations sont soutenues par une corrélation positive entre l’excrétion urinaire de métabolites de l’hespéridine et la puissance maximale et la FTP estimée. Cependant, à faible intensité d’exercices, il n’y avait pas de différence entre les deux groupes. Une explication pourrait être qu’à forte intensité, l’action antioxydante de l’hespéridine améliorerait les performances. Cette action n’aurait, par contre, pas d’influence en cas d’exercices de faible intensité qui génère un stress oxydantLe stress oxydant apparait lorsque l’organisme est soumis à tellement d’attaques par des radica... peu élevé. Les résultats obtenus au test de Wingate indiquent, comparé au placebo, après la prise de l’hespéridine une amélioration de la puissance maximale et de la puissance maximale relative. Par contre, dans un test comportant un sprint de 30 secondes, les variables de puissance ont été augmentées de façon similaire dans les deux groupes. Les résultats au step test suggèrent, quant à eux, que la consommation régulière d’hespéridine pourrait prévenir la diminution du VO2 relatif, associée chez les cyclistes à une diminution de la capacité à produire de la puissance. Elle augmenterait l’utilisation des sucres, à intensité modérément faible, ce qui pourrait anticiper la fatigue produite par un exercice ultérieur à haute intensité tel qu’une compétition cycliste. L’ensemble de ces résultats suggèrent que l’hespéridine pourrait être utilisée comme un ergogène susceptible d’aider les cyclistes à améliorer leurs performances aérobies Martinez-Noguera FJ et al., Effects of 8 weeks of 2S-hesperidin supplementation on performance in amateur cyclists. Nutrients, 2020,12,2911. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez MyrtillesL’utilisation d’ordinateurs et de smartphones pendant de longues périodes fatigue les muscles ciliaires oculaires, responsables de l’accommodation de notre vision et peut rendre, avec le temps, leur tâche de plus en plus difficile. Il est donc particulièrement important de trouver des moyens naturels d’améliorer la qualité de vie des utilisateurs d’écrans en réduisant leur fatigue oculaire. La myrtille, Vaccinium myrtillus, est particulièrement riche en anthocyanines, des flavonoïdesLes flavonoïdes donnent leur couleur brune, rouge, jaune, violette ou bleue aux fleurs et aux fruit... aux propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Les anthocyanines ont un haut degré de solubilité. On les retrouve notamment dans les tissus oculaires. Quelques études ont déjà montré que la prise d’un extrait de myrtilles pouvait avoir des effets bénéfiques en cas de fatigue visuelle liée au travail sur ordinateur. Il est possible que les anthocyanines des myrtilles migrent et, du sang, soient distribuées dans les muscles ciliaires. Ainsi, en atténuant et soulageant leur tension, ils pourraient réduire la fatigue oculaire. Un nouvel essai randomisé, contrôlé contre placebo, en double aveugle avec groupes parallèles, a évalué les effets d’une supplémentation quotidienne pendant douze semaines avec un extrait de myrtilles sur l’accommodation tonique des muscles causée par le travail sur écran d’ordinateur. Cent neuf hommes et femmes adultes en bonne santé, âgés de 20 à 60 ans, ont été enrôlés dans cet essai. Ils ont consommé quotidiennement pendant la durée de l’étude 240 mg d’un extrait de myrtilles ou un placebo. Tous les participants ont réalisé des tests avant et après de travailler sur écran aux semaines 0, 4, 8 et 12. Lorsque l’œil humain fixe une cible stationnaire, subjectivement, la réfraction semble, elle aussi stationnaire. Cependant, en réalité, le muscle ciliaire se contracte et se relâche de façon répétée, produisant une fluctuation sinusoïdale dans la réfraction. C’est ce que l’on appelle la micro-fluctuation accommodative. Elle est divisée en composants basse fréquence (fluctuation graduelle) et composants haute fréquence (fluctuation relativement rapide). Les composants haute fréquence, issus des fluctuations du pouvoir de réfraction, reflètent l’activité des muscles ciliaires. Ils sont, en fait, générés par les vibrations des muscles ciliaires et augmentent en cas de charge visuelle excessive. Ils ont été utilisés dans cette étude pour évaluer la fatigue oculaire. Les résultats indiquent, après la consommation de l’extrait de myrtilles, aux semaines 8 et 12, une amélioration des valeurs de composants haute fréquence après le travail sur écran. Cela suggère qu’elle atténue l’accommodation des muscles ciliaires en réponse au travail sur écran, réduisant ainsi la fatigue oculaire. Kosehira M et al., A 12-week-long intake of bilberry extract (Vaccinium myrtyllus L.) improved objective findings of ciliary muscle contraction of eye : a randomized, double-blind, placebo-controlled, parallel-group comparison trial. Nutrients, 2020, 12, 600.0 PartagesPartagezTweetezPartagez0 PartagesPartagezTweetezPartagez 6 janvier 2021