Infolettre 179 – 24 janvier: Gingembre et polyarthrite rhumatoïde • CoQ10, glycémie et sport • Pistaches et diabète gestationnel GingembreLa polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire chronique des articulations dont elle provoque une destruction progressive. Elle est due à un dérèglement du système immunitaireSon rôle est de protéger l’organisme des agresseurs extérieurs et internes : virus, bactéries.... La maladie évolue par poussées inflammatoires successives de durée et d’intensité variables. La présence d’un niveau élevé de dérivés actifs de l’oxygène, des radicaux libresUn radical libre est un atome ou une molécule qui possède un électron célibataire parce qu’il ..., dans le liquide synovial, contribuerait à détruire l’articulation. Un niveau élevé de cytokines pro-inflammatoire est également observé chez les personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde ainsi que des altérations de l’expression de facteurs immunitaires. Les médecines chinoise et ayurvédique utilisent le gingembre (Zingiber officinale Rosc.) depuis des millénaires pour combattre les inflammations de toutes natures et tout un éventail de problèmes de santé. Depuis une vingtaine d’années, le gingembre est étudié par les scientifiques qui ont confirmé certaines de ses propriétés et, notamment, ses effets anti-inflammatoires et antioxydantsUn antioxydant est une substance qui s’oppose à l’action délétère des radicaux libres et pro.... Le gingembre semble également avoir des propriétés analgésiques et aider à soulager les douleurs de la dysménorrhée et de l’arthrite ainsi que les douleurs musculosquelettiques. Plusieurs mécanismes ont été évoqués pour expliquer les propriétés analgésiques du gingembre. Il pourrait, entre autres, inhiber à la fois les enzymes lipoxygénase et cyclooxygénase. Cette double action aurait donc un effet anti-inflammatoire. Une étude randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo a été réalisée dans l’objectif d’évaluer l’effet du gingembre sur l’expression des gènes de différents marqueurs de l’inflammation et de l’immunité. Soixante-dix personnes âgées de 19 à 69 ans avec une polyarthrite rhumatoïde active ont été enrôlées dans cette étude. Leur maladie avait été diagnostiquée depuis plus de deux ans et ils prenaient des médicaments antirhumatismaux mais pas d’AINS. Pendant 12 semaines, les participants ont consommé quotidiennement 1500 mg de poudre de rhizome de gingembre ou un placebo. Les résultats montrent, dans le groupe ayant consommé le gingembre, une augmentation significative de l’expression du FoxP3, un régulateur de la tolérance immunitaire et une baisse de l’expression des T-bet et RORyt, impliqués dans la production de cytokines pro-inflammatoires. La prise de 1500 mg par jour de gingembre pendant 12 semaines peut améliorer les symptômes de personnes souffrant de polyarthrite rhumatoïde comme cela a été démontré par l’amélioration des scores d’activité de la maladie. Elle a exercé cet effet en augmentant l’expression de gènes immunomodulateurs et en diminuant celles de gènes pro-inflammatoires. D’autres études sont cependant nécessaires pour confirmer ces premiers résultats prometteurs. Aryaeian N et al., The effect of ginger supplementation on some immunity and inflammation intermediate genes in patients with active rheumatoid arthritis. Genes 2019 May 25 ; 698 : 179-185.0 PartagesPartagezTweetezPartagez0 PartagesPartagezTweetezPartagez CoQ10,La CoQ10 est synthétisée naturellement par l’organisme dans pratiquement chacune de ses cellules. L’alimentation en apporte également une petite quantité. La CoQ10 est un puissant antioxydant. Elle est impliquée dans la production d’énergie par les mitochondriesLes mitochondries sont les usines qui produisent énergie dont les cellules ont besoin pour fonction..., les centrales énergétiques des cellules, et par suite, dans le métabolisme des glucides. Les athlètes ont besoin d’énergie immédiatement disponible pour pratiquer leur activité et peu d’études ont évalué le statut en CoQ10 des athlètes. L’exercice physique pourrait affecter la dynamique du glucose en améliorant la sensibilité à l’insuline. D’autre part, la consommation d’aliments à index glycémique élevé est souvent recommandée parce qu’elle peut aider à optimiser les performances et induire une synthèse adaptée du glycogène musculaire pour la récupération. Sur le long terme, cette consommation pourrait avoir un impact sur la vulnérabilité au diabète des athlètes. Par ailleurs, une étude clinique a montré chez des personnes souffrant de diabète de type II que les concentrations en CoQ10 sont en relation avec la régulation de la glycémie probablement à travers son pouvoir antioxydant. Une étude a été conçue dans l’objectif d’examiner chez des athlètes le niveau de CoQ10, les paramètres du glucose et la capacité antioxydante ainsi que les relations existant entre ces différents facteurs. Quarante-trois athlètes étudiants bien entraînés et vingt-cinq sujets en bonne santé d’âge et de sexe correspondants ont été recrutés dans cette étude croisée. L’analyse des paramètres montre que les athlètes avaient un niveau significativement plus faible de CoQ10 dans leurs globules blancs. Cependant aucune différence entre les deux groupes n’a été observée dans les concentrations plasmatiques de CoQ10. Concernant les paramètres du glucose, les athlètes avaient des valeurs significativement plus élevées d’hémoglobine glyquée, un indicateur de la gestion de la glycémie à long terme, bien que ces valeurs soient restées dans la normale. Leur index quantitatif de sensibilité à l’insuline était également plus élevé que celui des sujets témoins en bonne santé. Il en était de même de leur capacité antioxydante totale sérique et érythrocytaire. D’autres études devront être entreprises pour déterminer la dose adéquate de supplémentation en CoQ10 permettant d’optimiser le statut des athlètes en CoQ10 et d’améliorer leurs performances athlétiques et la récupération. Ho C-C et al., Coenzyme Q10 status, glucose parameters, and antioxidant capacity in college athletes. Journal of International Society of Sports Nutrition, 2020 ; 17 : 5. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez Pistaches et diabète gestationnelLa consommation de pistaches, par des femmes avec un diabète gestationnel ou une perturbation gestationnelle de la tolérance au glucose, pourrait avoir des effets bénéfiques. Le diabète gestationnel est une hyperglycémie qui débute ou est reconnu au cours de la grossesse. Il peut avoir un impact important sur la santé de la mère comme sur celle du bébé. Des modifications nutritionnelles ont montré leur efficacité dans la gestion du diabète gestationnel. Le choix d’aliments sains en est le facteur clé. Des études épidémiologiques et cliniques ont suggéré que la consommation de fruits à coque a des effets métaboliques bénéfiques. Les pistaches, par rapport aux autres fruits à coque, ont un profil nutritionnel équilibré avec peu d’acides gras, un contenu élevé en fibres et en protéines, du potassium, des phytostérols, du gamma-tocophérol, de la vitamine KC’est un groupe de substances qui inclut • La vitamine K1 ou phylloquinone. Dans l’alimentatio... et des caroténoïdesLes caroténoïdes sont des pigments naturels qui apportent une coloration variant du jaune-orangé ... xanthophylles. Par ailleurs, on a récemment rapporté que l’ajout de pistache à des aliments riches en glucides atténuait la glycémie postprandiale de sujets en bonne santé comme de personne présentant une maladie métabolique. De plus, la consommation régulière de pistache abaisserait la glycémie, le cholestérol-LDL et certains marqueurs de l’inflammation chez des sujets en bonne santé ou présentant un syndrome métabolique. Une étude randomisée, contrôlée, croisée a été réalisée pour évaluer l’effet de la consommation ponctuelle de pistache sur la glycémie postprandiale, l’insuline et les GLP-1 et GIP chez des femmes présentant un diabète gestationnel ou une perturbation gestationnelle de la tolérance au glucose. Soixante-treize femmes chinoise, 34 avec un diabète gestationnel et 39 avec une perturbation de la tolérance au glucose, ont été enrôlées dans cette étude. Elles ont consommé 42 g de pistaches ou 100 g de pain au blé complet, apportant les mêmes quantités de calories. Comme attendu, des réponses du glucose et de l’insuline ont été observées après l’absorption des pistaches et du pain, mais elles ont été plus faibles avec les pistaches dans les deux groupes de patientes. Des concentrations significativement plus faibles du GIP, le peptide inhibiteur gastrique qui induit la sécrétion d’insuline, ont été constatées après 30 et 60 minutes chez les femmes avec un diabète gestationnel et après 120 minutes chez celles présentant une perturbation de la tolérance au glucose après la consommation de pistaches par rapport à celle de pain. De même, celles du GPL-1, le glucagon-like peptide, une hormone de satiété, ont été augmentée significativement après la consommation des pistaches par rapport à celle du pain. La consommation de pistaches a donc induit une glycémie postprandiale, une concentration d’insuline et de GIP plus faibles mais des niveaux plus élevés de GMP-1 par rapport à celle du pain. Ces résultats suggèrent que les pistache pourraient constituer une alternative bénéfique aux aliments pauvres en graisses et riches en sucre pour les femmes souffrant d’un diabète gestationnel ou présentant une perturbation gestationnelle de la tolérance au glucose. Feng X et al., Acute effect of pistachio intake on postprandial glycemic and gut hormone responses in women with gestational diabetes or gestational impaired glucose tolerance : a randomized, controlled, cross-over study. Frontiers in Nutrition, 2019 December ; 6 : 186.0 PartagesPartagezTweetezPartagez 30 janvier 2020