Infolettre 84 – 30 mars 2018 : Ail, inflammation et immunité • Magnésium et vitamine D • Curcuminoïdes, acide boswellique et arthrose MagnésiumLe magnésium est en quatrième position parmi les minéraux les plus abondants dans l’organisme après le calcium, le potassium et le sodium. Les aliments riches en magnésium incluent, notamment, les amandes, les bananes, les haricots, les brocolis, le riz brun, les noix de cajou, le jaune d’œuf, l’huile de poisson, les légumes verts, les champignons … Les apports quotidiens recommandés en magnésium, pour prévenir une franche déficience, se situent entre 300 et 420 mg par jour. Dans de nombreux pays industrialisés, il semble que l’alimentation n’apporte pas suffisamment de magnésium et que de larges franges de population en aient des niveaux insuffisants. Une étude montre ainsi qu’aux États-Unis, 75 % des femmes ont des apports insuffisants en magnésium. En Allemagne, ces apports sont de seulement 200 mg pour les femmes et de 250 mg pour les hommes. En France, 23 % des femmes et 18 % des hommes ont des apports insuffisants en magnésium. Le magnésium est indispensable à plus de 300 réactions enzymatiques dans l’organisme. Il est impliqué dans la santé des muscles, des os, des systèmes nerveux et immunitaire, dans la régulation du rythme cardiaque, du niveau de sucre sanguin, de la pression sanguine et participe à la synthèse des protéines et au métabolisme énergétique. Magnésium et activation de la vitamine D De surcroit, le magnésium est indispensable à l’activation de la vitamine D. Toutes les enzymes impliquées dans le métabolisme de la vitamine D semblent avoir besoin du magnésium. Celui-ci agit en effet comme cofacteur dans les réactions enzymatiques qui se produisent successivement dans le foie et les reins et aboutissent à la création de la forme active de la vitamine D, le calcitriol. Sans un niveau suffisant de magnésium, la vitamine D, qu’elle soit synthétisée dans l’organisme et/ou apportée par l’alimentation ou la supplémentation, ne peut pas jouer son rôle et exercer ses effets bénéfiques pour la santé. Uwitonze AM et al., Role of magnesium in vitamin D activation and function. The Journal of te American Osteopathic association, 2018 March; 118 (3). 0 PartagesPartagezTweetezPartagez Ail, inflammationDe l’époque romaine de l’Antiquité jusqu’à la Première Guerre mondiale, des cataplasmes d’ail étaient utilisés pour empêcher les blessures de s’infecter. Des travaux de Louis Pasteur montrent que l’ail peut détruire certaines bactéries. En 1916, le gouvernement britannique demanda à la population de fournir de l’ail pour répondre aux besoins de cette période de guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’ail était surnommé « la pénicilline russe » parce qu’après avoir épuisé les antibiotiques, le gouvernement russe s’était tourné vers cet ancien traitement pour soigner ses soldats. Après la Seconde Guerre mondiale, les laboratoires Sandoz ont fabriqué un médicament à base d’extrait d’ail pour les spasmes intestinaux et la société Van Patten en a produit un autre pour abaisser la pression sanguine. L’ail est riche en principes actifs antioxydantsUn antioxydant est une substance qui s’oppose à l’action délétère des radicaux libres et pro... incluant des composés organosoufrés et des flavonoïdesLes flavonoïdes donnent leur couleur brune, rouge, jaune, violette ou bleue aux fleurs et aux fruit... capables de piéger les radicaux libresUn radical libre est un atome ou une molécule qui possède un électron célibataire parce qu’il .... Il contient également du sélénium, indispensable à la glutathion peroxydaseLa glutathion peroxydase est une enzyme clé du système de défense antioxydant de l’organisme., une enzyme antioxydante. Des recherches ont montré que les extraits d’ail vieilli ont des effets immunomodulateurs, anti-inflammatoires et qu’ils peuvent également avoir une action bénéfique sur le profil lipidique. Inflammation et obésité Chez les personnes obèses, les facteurs inflammatoires circulants sont plus élevés que chez les autres, suggérant l’existence d’une inflammation chronique de bas grade. Celle-ci serait impliquée dans l’apparition des complications métaboliques et cardiovasculaires de l’obésité. Une perte de poids diminue de façon significative les marqueurs de l’inflammation. Cinquante et une personnes adultes et obèses, âgées d’environ 45 ans, ont été recrutées pour participer à une étude randomisée, contrôlée contre placebo et en double aveugle. Elles ont été réparties de façon aléatoire en deux groupes et ont leur a donné un placebo ou 3,6 grammes d’un extrait d’ail vieilli à scinder en plusieurs prises à prendre quotidiennement pendant six semaines avec leurs repas. Des prélèvements sanguins ont été effectués au début et à la fin de l’étude. Les lipides sanguins et des marqueurs de l’inflammation ont été dosés. Les résultats montrent que la consommation d’un extrait d’ail vieilli pendant six semaines a eu un effet modulateur sur la répartition des cellules immunitaires. Elle a prévenu l’augmentation de la concentration de marqueurs sériques de l’inflammation. De plus, elle a abaissé le cholestérol LDLLes low density lipoproteins ou lipoprotéines de basse densité constituent un groupe de lipoproté... sanguin. Ces résultats suggèrent que la consommation d’un extrait d’ail vieilli pourrait aider à prévenir le développement de maladies chroniques associées à l’inflammation de bas grade présente chez des sujets obèses. Xu C et al., Aged garlic extract supplementation modifies inflammation and immunity of adults with obesity : a randomized, double-blind, placebo-controlled clinical trial. Clin Nutr Espen 2018 Apr ; 24 : 148-155. Curcuminoïdes,L’arthrose est une affection chronique dégénérative des articulations. C’est la maladie rhumatismale la plus fréquente. C’est une maladie inflammatoire et c’est l’inflammation chronique qui détruit progressivement le cartilage et toutes les structures de l’articulation incluant notamment l’os et le tissu synovial. Le curcuma est une plante herbacée de la même famille que le gingembre. La poudre de curcuma, le rhizome de la plante réduit en poudre, a longtemps été utilisée en Asie du sud-est pour renforcer la saveur des aliments et les conserver. On la connaît surtout pour sa couleur jaune brillante et elle est souvent employée pour remplacer le safran. Elle donne leur couleur jaune au curry et à la moutarde. Le curcuma est utilisé depuis de longues années par les médecines traditionnelles, notamment en Inde, pour traiter toute une variété d’indispositions incluant problèmes gastro-intestinaux, inflammation, maux de tête, infections et rhumes. Le curcuma contient plus d’une douzaine de composés phénoliques appelés curcuminoïdes qui sont de puissants antioxydantsUn antioxydant est une substance qui s’oppose à l’action délétère des radicaux libres et pro... avec des propriétés anti-inflammatoires. Boswellia serrata, de la famille des burséracées, est le nom scientifique d’un arbre de taille moyenne qui pousse dans des régions arides et vallonnées de l’Inde. L’intérêt thérapeutique de la gomme résineuse sèche (guggul) extraite de Boswellia serrata est connu depuis l’Antiquité. Elle était déjà mentionnée dans les traités de médecine ayurvédique les plus anciens. Elle était notamment utilisée dans le traitement de l’inflammation des articulations. La boswellie contient un composant actif, l’acide boswellique. Des recherches ont montré sa capacité à inhiber la synthèse et/ou l’activité des différentes molécules inflammatoires. Deux-cent une personnes âgées de 40 à 77 ans avec une arthrose du genou ont été enrôlées dans une étude randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo. Elles ont reçu des gélules contenant 333 mg de curcuminoïdes ou 350 mg de curcuminoïde + 150 mg d’acide boswellique ou un placebo. On leur a demandé de prendre une gélule trois fois par jour pendant douze semaines. Les résultats montrent que les curcuminoïdes seuls ou associés à l’acide boswellique, par rapport au placebo, ont eu des effets bénéfiques sur les symptômes liés à la douleur. L’association des deux extraits a, par ailleurs, montré une plus grande efficacité. Harovan A et al., Efficacy and safety of curcumin and its combination with boswellic acid in osteoarthritis : a comparative randomized, double-blind, placebo-controlled study. BMC complement altern Med 2018, 18 :7. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 13 avril 2018