Infolettre 143 – 16 mai : Pousses de brocoli et schizophrénie • Racines de chicorée et antibiothérapie • Avocat et satiété Pousses de brocoli et schizophrénieLes brocolis (Brassica oleracea), tout comme la majorité des autres légumes crucifères, contiennent des glucosinolates qui sont des composés soufrés. La myrosinase, une enzyme du légume, transforme ces glucosinolates en isothiocyanates lorsqu’on coupe ou mâche ces légumes crus. Cette enzyme est, en effet, inhibée par la cuisson. Le sulforaphane fait partie de ces isothiocyanates, des molécules biologiquement actives dans l’organisme. Les pousses de brocoli, lorsqu’elles ont 3 jours, constituent une source de sulforaphane 20 à 50 fois plus riche que le brocoli mature. La schizophrénie est une maladie mentale grave et handicapante qui se manifeste par tout un éventail de symptômes extrêmement variables incluant délires, hallucinations, retrait social, émoussement affectif et émotionnel… les traitements courants utilisent principalement des neuroleptiques qui permettent de contrôler, au moins pendant un certain temps, une partie des symptômes mais qui ne sont pas efficace contre les déficits cognitifs. Ils provoquent généralement une rémission pendant les premiers mois mais, à long terme, leur efficacité est relativement faible. Environ 80 % des patients rechutent dans les six ans. Des chercheurs ont récemment explicité toute une série de déséquilibres chimiques liés au glutamate observés dans le cerveau de personnes souffrant de schizophrénie. Ils ont également découvert que le sulforaphane pourrait aider à les réguler. Leurs résultats laissent espérer qu’une supplémentation avec un extrait de pousses de brocolis riche en sulforaphane permettra peut-être un jour de diminuer les doses de médicaments antipsychotiques utilisés pour gérer les symptômes de la maladie et qui ne sont pas dénués d’effets secondaires. Les chercheurs ont examiné les différences de métabolisme cérébral entre des personnes schizophrènes et des personnes en bonne santé. Ils ont recruté pour cela 81 personnes dans les 24 mois de leur premier épisode psychotique et 91 témoins en bonne santé. Par rapport aux sujets sains, les personnes souffrant de psychose avaient une concentration de glutamate significativement plus faible de 4 % dans la région du cortex cingulaire antérieur de leur cerveau. Celle du glutathionLe glutathion est une petite protéine composée de trois acides aminés : la cystéine, l’acide ..., un antioxydant majeur, y était également 3 % plus basse et sa concentration dans l’hypothalamus, 8 ù plus faible. Le glutathionLe glutathion est une petite protéine composée de trois acides aminés : la cystéine, l’acide ... est constitué de trois petites molécules et le glutamate est l’une d’entre elles. Dans le cerveau de rats, le sulforaphane modifie le déséquilibre du glutamate et la façon dont les messages sont transmis entre des cellules cérébrales de ces rongeurs. Les chercheurs ont voulu savoir s’il pouvait modifier les concentrations de glutathionLe glutathion est une petite protéine composée de trois acides aminés : la cystéine, l’acide ... également dans le cerveau de personnes en bonne santé. La prise quotidienne pendant 7 jours de 200 micromoles de sulforaphane a augmenté de près de 30 % le niveau moyen de glutathionLe glutathion est une petite protéine composée de trois acides aminés : la cystéine, l’acide ... dans le cerveau de 9 volontaires en bonne santé. Reste maintenant à reproduire ces résultats sur un plus vaste échantillon de personnes et, surtout, à vérifier si le sulforaphane peut ou non apporter une aide dans le soulagement des symptômes de psychoses. Johns Hopkins Medicine. Broccoli sprouts compound may restore brain chemistry imbalance linked to schizophrenia. ScienceDaily, 8 may 2019.0 PartagesPartagezTweetezPartagez Racines de chicorée et antibiothérapieLe rôle des fibres prébiotiques comme les fibres de la racine de chicorée a été largement étudié notamment dans le cadre de l’alimentation de l’enfant. Les prébiotiques miment les propriétés fonctionnelles bénéfiques des oligosaccharides du lait humain sur la modulation du microbiote intestinal. Un effet immunomodulateur des prébiotiques à travers des modifications du microbiote a été considéré comme le principal mécanisme de la prévention des infections. L’inuline est extraite de la racine de chicorée. C’est une fibre alimentaire qui appartient à la classe des fructanes. Elle a des effets prébiotiques démontrés : Parce qu’elle n’est ni digérée ni absorbée, elle arrive intacte dans le côlon où elle va servir d’aliment aux bactéries intestinales et, ainsi, favoriser leur croissance. En particuliers, elle favorise la croissance des bifidobactéries. Une précédente étude randomisée et contrôlée contre placebo a porté sur 270 enfants âgés de 3 à 6 ans. Elle montre que la consommation quotidienne de fructanes de type inuline réduit les épisodes fébriles nécessitant l’intervention d’un médecin et diminue l’incidence des sinusites. Ces données pouvaient être le résultat d’une stimulation de la fonction immunitaire chez les enfants supplémentés en inuline et était liées à une modulation spécifique du microbiote intestinal. Il est bien établi que la composition du microbiote intestinal joue un rôle important dans le développement du système immunitaireSon rôle est de protéger l’organisme des agresseurs extérieurs et internes : virus, bactéries.... Et celui-ci n’est pas complètement en place avant l’âge de 10 ou 15 ans. Les enfants âgés de 3 à 6 ans fréquentent souvent les centres de soin ce qui est associé à une multiplication par trois du risque de souffrir d’infections gastro-intestinales ou respiratoires. Les antibiothérapies restent également fréquentes dans cette tranche d’âge et il est intéressant de trouver des stratégies pour prévenir ou atténuer les répercussions qu’elles peuvent avoir sur la composition du microbiote intestinal avec toutes les conséquences que cela peut avoir. Une étude a été conçue pour examiner la composition du microbiote intestinal de base et les effets que pourrait avoir une supplémentation en inuline chez des enfants âgés de 3 à 6 ans. L’efficacité de cette supplémentation à prévenir les perturbations de la composition du microbiote au cours d’une antibiothérapie a également été évaluée. Pendant une période de 24 semaines, 258 enfants âgés de 3 à 6 ans ont consommé chaque jour 6 g de fructanes de type inuline ou un placebo. Au cours de l’étude des échantillons de selles ont été collectés et analysés. Les résultats indiquent que la supplémentation en prébiotique a provoqué une modulation sélective de la composition du microbiote intestinal et, notamment, a augmenté l’abondance des bifidobactéries. De plus, elle a atténué les perturbations induites par l’antibiothérapie dans la composition de la flore microbienne intestinale comme le démontre la présence d’une abondance relative plus importante de bifidobactéries à la fin de l’étude. Soldi S et al., prebiotic supplementation over cold season and during antibiotic treatment specifically modulates the gut microbiota composition of 3-6 year-old children. Beneficial Microbes, 2019 ; 10(3) : 253-263. Avocat et satiétéCertaines fibres et graisses ralentissent le remplissage de l’estomac, retardent l’absorption de nutriments, modulent les réponses de l’insuline et du glucose et altèrent des hormones de l’intestin impliquées dans la satiété. Des graisses sont de puissants stimulants de certains peptides de la satiété comme le peptide cholécystokinine (CCK), le peptide YY ou le peptide glucagon-like (GLP-1). Retarder l’absorption des graisses avec des fibres pourrait avoir pour résultats une augmentation de la libération de ces peptides et un renforcement de la satiété. Les avocats sont des fruits qui ont la particularité de contenir à la fois des graisses et des fibres alimentaires. Un avocat frais de taille moyenne (- 136 g) contient environ 72 % d’eau, 13,30 g d’acides gras monoinsaturés, 10 g de fibres, et toute une variété de caroténoïdesLes caroténoïdes sont des pigments naturels qui apportent une coloration variant du jaune-orangé ... et d’autres composants bioactifs. Une étude a examiné les effets sur la satiété de remplacer dans un repas l’énergie des glucides par une moitié d’avocat ou un avocat entier chez des individus obèses ou en surpoids. Le premier objectif était de mesurer de façon subjective la satiété en réponse au repas sur 6 heures. Le second était d’évaluer les modifications intervenues dans des variables telles que la fatigue, la vigilance et de caractériser l’association entre satiété/appétit associés aux hormones et la satiété après la consommation d’un avocat entier. Trente-neuf personnes, hommes et femmes, obèses ou en surpoids, ont été enrôlés dans cette étude randomisée. Trois repas ont été testés : un repas pauvre en graisses, un repas riche en graisses avec le contenu de graisse et de fibres d’un demi avocat ou le même repas avec un avocat entier. Les résultats indiquent que remplacer les glucides par des graisses et des fibres dérivées d’avocat sans augmenter l’énergie ni la densité énergétique renforce la valeur de satiété des repas. La satiété induite par l’avocat entier était principalement associée à la réponse du peptide YY. Ces résultats suggèrent que l’introduction d’un avocat entier favorise une réponse métabolique bénéfique en plus de renforcer la satiété et de diminuer l’envie de manger. Zhu L et al., Using the avocadi to test the satiety effects of a fat-fiber combination in a breakfast meal in overweight and obese men and women : a randomized clinical trial. Nutrients, 2019 ; 11 : 952.0 PartagesPartagezTweetezPartagez 5 juin 2019