Infolettre 75 – 26 janvier 2018 : Régime méditerranéen et personnes âgées • Curcumine, mémoire et humeur • Vitamine C et système immunitaire Régime méditerranéenLa fragilité est un syndrome clinique qui reflète une diminution des capacités physiologiques de réserve qui altère les mécanismes d’adaptation au stress. Chez les personnes âgées, la fragilité est fréquente et sa prévalence augmente au fur et à mesure que les populations avancent en âge. Les personnes âgées fragiles peuvent souvent se sentir sans énergie, perdre du poids et manquer de force musculaire. Le syndrome de fragilité est un marqueur de risque de mortalité, d’événements péjoratifs et notamment de chutes, de fractures, d’hospitalisation et d’entrée en institution. La fragilité est également associée à une moins bonne qualité de vie. La nutrition joue un rôle fondamental dans l’apparition de la fragilité. Des chercheurs ont voulu savoir si avoir une alimentation saine pouvait diminuer le risque de fragilité. Pour cela, ils ont analysé les données provenant de toutes les études publiées examinant l’association entre l’adhésion à un régime méditerranéen et le développement de la fragilité chez des personnes âgées. Leur analyse a englobé 5789 personnes dans quatre études en France, en Espagne, en Italie et en Chine. Ils ont trouvé des preuves très convaincantes indiquant que les personnes âgées qui suivent un régime méditerranéen ont un plus faible risque de devenir fragiles. Sur une période d’environ quatre ans, la plupart d’entre elles suivant le plus un régime méditerranéen avaient globalement 50 % moins de risque de devenir fragiles par rapport à celles le suivant le moins. Les chercheurs ont souligné que le régime méditerranéen pourrait aider les personnes âgées à maintenir leur force musculaire, leur poids, leur activité et leur niveau d’énergie[1]. [1] Gotaro Kojima et al., Adherence to mediterranean diet reduces incident frailty risk : systematic review an meta-analysis. Journal of the American Geriatrics Society, 2018 ; Doi : 10.1111/jgs.15251. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 0 PartagesPartagezTweetezPartagez Curcumine,Le curcuma est une plante herbacée de la même famille que le gingembre. La poudre de curcuma, le rhizome de la plante réduit en poudre, a longtemps été utilisée en Asie du sud-est pour renforcer la saveur des aliments et les conserver. On la connaît surtout pour sa couleur jaune brillante et elle est souvent employée pour remplacer le safran. Elle donne leur couleur jaune au curry et à la moutarde. Le curcuma est utilisé depuis de longues années par les médecines traditionnelles, notamment en Inde, pour traiter toute une variété d’indispositions incluant problèmes gastro-intestinaux, inflammation, maux de tête, infections et rhumes. Le curcuma contient plus d’une douzaine de composés phénoliques appelés curcuminoïdes qui sont de puissants antioxydantsUn antioxydant est une substance qui s’oppose à l’action délétère des radicaux libres et pro.... La curcumine est le plus abondant de ces composés et aussi le plus étudié. Elle a montré, dans des études en laboratoire, des propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. On a suggéré que la faible prévalence de la maladie d’Alzheimer et les bonnes performances cognitives des personnes âgées, en Inde, seraient dues, au moins en partie, à la consommation importante de curcuma. La façon dont il exerce ses effets n’est pas encore élucidée mais il pourrait le faire en réduisant l’inflammation dans le cerveau. Une étude randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo a porté sur quarante adultes âgés de 50 à 90 ans et se plaignant de légers problèmes de mémoire. Ils ont reçu pendant dix-huit mois, de façon aléatoire, deux fois par jour un placebo ou 90 mg d’une forme de curcumine facilement absorbable par l’organisme. Tous les sujets ont subi des évaluations cognitives standard au début de l’étude puis tous les six mois. Le niveau de curcumine dans leur sang a été dosé au début et à la fin de l’étude. Trente des sujets de l’étude ont subi des PET scans pour déterminer le niveau de protéines tauDans le cerveau des personnes souffrant de maladie d’Alzheimer, des dégénérescences neurofibril... et amyloïde dans leur cerveau au début et à la fin de l’étude. La mémoire et la capacité d’attention des personnes ayant pris de la curcumine ont été significativement améliorées alors que cela n’a pas été le cas chez celles ayant reçu un placebo. En dix-huit mois, la mémoire des personnes ayant pris de la curcumine a été améliorée de 28 %. Leur humeur était également légèrement meilleure et les PET scans cérébraux ont montré significativement moins de protéines tauDans le cerveau des personnes souffrant de maladie d’Alzheimer, des dégénérescences neurofibril... et amyloïde que chez les sujets sous placebo. Les chercheurs prévoient de conduire une étude de suivi sur un plus grand nombre de sujets. Cette étude inclura des personnes présentant une dépression légère de telle sorte que les chercheurs puissent déterminer si la curcumine a également des effets antidépresseurs. Un plus vaste échantillon devrait également leur permettre d’analyser si les effets stimulants de la mémoire de la curcumine varient selon le risque génétique de maladie d’Alzheimer, l’âge ou l’étendue de leurs problèmes cognitifs[1]. [1] Small WS et al., Memory and brain amyloid and tau effect of a bioavailable form of curcumin in non-demented adults : a double-blind, placebo-controlled 18-month trial. Am J Geriatr Psychiatry, 2017. Vitamine CLa vitamine C est un nutriment essentiel que l’homme est incapable de synthétiser et qui doit donc lui être apporté par l’alimentation et/ou la supplémentation. De sévères déficiences en vitamine C peuvent avoir pour résultat un scorbut, une maladie potentiellement mortelle. Celle-ci est caractérisée par des structures en collagènes affaiblies avec pour conséquences une cicatrisation des blessures difficiles et une immunité perturbée. Des personnes touchées par le scorbut sont extrêmement vulnérables à des infections potentiellement mortelles comme la pneumonie. Par ailleurs, les infections peuvent avoir un impact significatif sur les niveaux de vitamine C en raison d’une augmentation de l’inflammation et des besoins métaboliques. Une alimentation qui fournit 100 à 200 mg de vitamine C par jour devrait suffire à saturer les concentrations plasmatiques d’un individu en bonne santé et couvrir les besoins nécessaires à la réduction du risque de maladie chronique. En raison de la faible capacité de stockage des vitamines hydrosolubles de l’organisme, une consommation adaptée et régulière est nécessaire pour prévenir une hypovitaminose C. La vitamine C est un antioxydant et le cofacteur de toute une série d’enzymes. Elle contribue au système de défense immunitaire en soutenant tout un éventail de fonctions cellulaires du système de l’immunité innée et adaptative. La vitamine C soutient la fonction barrière épithéliale contre les éléments pathogènes et favorise l’activité neutralisatrice des oxydants de la peau, apportant probablement ainsi une protection contre le stress oxydatif environnemental. Une supplémentation en vitamine C semble capable de prévenir et de traiter les infections respiratoires et systémiques. La prophylaxie des infections demande un apport en vitamine C qui fournisse au moins des niveaux plasmatiques adaptés, si ce n’est saturés, (100 à 200 mg par jour) qui optimisent ses niveaux dans les cellules et les tissus. Par contre, le traitement d’une infection installée nécessite des doses significativement plus élevées de vitamine C, de l’ordre du gramme, pour compenser la demande métabolique et la réponse inflammatoire accrues[1]. [1] Carr AC et al., Vitamin C and immune function. Nutrients 2017 ; 9 : 1211. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 2 février 2018