Infolettre 151 – 11 juillet : CoQ10, curcumine et migraine • Boissons sucrées et risque de cancer • Inuline, intestins et comportement alimentaire CoQ10,La migraine est un mal de tête qui évolue en crises répétitives dont la sévérité peut parfois nécessiter de s’aliter. On parle de migraine épisodique lorsqu’elle se manifeste par des épisodes de crise de durée variable (4 à 72 heures). Entre les crises, aucun symptôme ne se manifeste. La fréquence des épisodes peut varier d’une crise par mois, voire moins, à plusieurs par semaine. Des chercheurs ont émis l’hypothèse que la migraine pourrait être responsable d’une chute des réserves d’énergie mitochondriale. Dans ce cas, la prise de CoQ10 qui stimule l’énergie dans le cerveau pourrait être bénéfique. De plus, on observe fréquemment des déficiences en CoQ10 chez les personnes sujettes aux migraines. Par ailleurs, des phénomènes inflammatoires seraient également impliqués dans les crises migraineuses. La céphalée serait provoquée par une dilatation et une inflammation transitoire des artères de la dure-mère. Les neurones assurant l’innervation de ces artères, libéreraient, au cours de la crise, des neuropeptides (substance P, CGRP, neurokinine A). Ces derniers déclenchent une inflammation de la paroi des artères et leur dilatation qui provoque la douleur. La CoQ10 est synthétisée par l’organisme et est également trouvée en faibles quantités dans l’alimentation. Elle est indispensable à plus d’un titre et c’est avant tout un maillon incontournable de la production d’énergie dont l’organisme a besoin à tous les échelons. La CoQ10 est un puissant antioxydant et présente des propriétés anti-inflammatoires. Plusieurs études ont déjà montré des effets bénéfiques de la prise de CoQ10 sur des personnes sujettes à des crises de migraine. Elle réduit la sévérité, la durée et la fréquence des crises. De plus, elle semble également réduire les concentrations d’indicateurs de l’inflammation. La curcumine, un des principaux principes actifs du curcuma (Curcuma longa) a elle aussi des propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. La curcumine réduirait aussi la synthèse de l’oxyde nitrique qui intervient dans la dilatation de la paroi des artères. Des études sur l’animal ont également montré des effets analgésiques de la curcumine. Une étude a comparé les effets d’une combinaison de curcumine et de CoQ10 à ceux d’un placebo, de la curcumine seule et ou la coQ10 seule. Cents personnes, hommes et femmes, âgées en moyenne de 32 ans souffrant de migraine épisodique ont été enrôlées dans cette étude. Elles ont reçu quotidiennement pendant 8 semaines, 80 mg de nano-curcumine, 300 mg de CoQ10, les deux associées ou un placebo en plus de leur traitement médicamenteux prophylactique habituel. Les résultats montrent que par rapport aux autres groupes, les effets sur la fréquence, la durée et la sévérité des crises étaient significativement plus marqué chez les personnes ayant reçu la CoQ10 associée à la curcumine. Leurs scores évaluant le handicap spécifiquement lié à la migraine étaient également meilleurs. Parohan M et al., The synergistic effects of nano-curcumin and coenzyme Q10 supplementation in migraine prophylaxis : a randomized, placebo-controlled, double-blind trial.0 PartagesPartagezTweetezPartagez Boissons sucrées et risque de cancerDans une vaste étude prospective, la consommation de boissons sucrée, incluant les jus de fruits, a été associée à une augmentation du risque de cancer et, plus particulièrement, du cancer du sein. Au cours de ces dernières décennies, la consommation de boissons sucrées a augmenté. Leur impact sur la santé cardiométabolique a fait l’objet de nombreuses études et est aujourd’hui bien établi. Par contre, l’association entre ces boissons sucrées et le risque de cancer a été beaucoup moins étudié. Elles ont pourtant été reliées au risque d’obésité, un facteur de risque reconnu pour de nombreux cancers. Par ailleurs, l’insulino-résistance provoquée par l’index glycémique élevé de ces boissons a également été reliée à différents types de cancers. Enfin, des mécanismes inflammatoires ou liés au stress oxydantLe stress oxydant apparait lorsque l’organisme est soumis à tellement d’attaques par des radica... pourraient également intervenir. Cette étude a inclus un total de 101 257 participants de la cohorte française NutriNet-Santé (suivis entre 2009 et 2018). Leur consommation alimentaire habituelle a été évaluée à travers des enregistrements répétés de 24 heures. En moyenne 6 par participant. Ces enregistrements portaient sur plus de 3 300 aliments différents dont 109 types de boissons sucrées ou édulcorées. Le suivi a révélé que la consommation de boissons sucrées était associée à un risque plus élevé de cancers : 2193 cas sur 101 257 et, en particuliers de cancers du sein : 693 cas. Les résultats suggèrent une augmentation de 30 % du diagnostic de tous les cancers dans le groupe consommant le plus de boissons sucrées par rapport à celui qui en consomme le moins. Une augmentation de la consommation moyenne quotidienne de boissons sucrées de 100 ml était associée à une élévation de près de 18 % du risque de cancer. Cette dose correspond à un petit verre ou au tiers d’une cannette standard. Dans des sous-analyses, la consommation de jus de fruits 100% pur jus et celle de boissons sucrées hors jus de fruits étaient toutes deux associées à un risque plus élevé de cancer. Les résultats des analyses suggèrent que le sucre joue un rôle important dans les associations observées. Ce rôle n’est pas uniquement expliqué par une prise de poids au cours du suivi. Par contre, aucun lien n’a été détecté entre la consommation de boissons artificiellement sucrées et le risque de cancer. Comme cette étude est observationnelle, un lien de cause à effet ne peut cependant pas être établi pour les associations qui ont été observées. Sugary drink consumption and risk of cancer : results from NutriNet-Santé prospective cohort. BMJ, 2019 ; 365 : 12408. Inuline, intestins et comportement alimentaireUne consommation plus importante de légumes riches en inuline permet de renforcer l’apport en fructanes et, ainsi de créer une modification dans le microbiote intestinal. Cet apport plus élevé en fructanes contribue à réguler l’appétit et à diminuer le désir de manger des aliments malsains. Les fructanes de type inuline sont des fibres dites fermentables. En d’autres mots, ce sont des fibres non digestibles, des prébiotiques, qui seront fermentées par le microbiote intestinal et exercent ainsi de potentiels effets bénéfiques pour la santé. Une supplémentation avec des fructanes de type inuline purifiés a montré qu’elle exerçait des effets bénéfiques sur la santé de l’homme. Elle améliore notamment la perméabilité intestinale, diminue la masse grasse et augmente la production dans l’intestin de peptides agissant sur la satiété. Cependant, on connait encore peu de choses sur l’effet de la consommation de légumes naturellement riches en fructanes de type inuline sur la faim et le comportement alimentaire. Par ailleurs, de récentes données suggèrent que la fermentation des fibres alimentaires pourrait conduire à un inconfort intestinal, en particulier, chez des personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable. Les artichauts de Jérusalem ou topinambours, les poireaux, les salsifis, l’ail ou les oignons comptent parmi les légumes contenant des fructanes de type inuline. Une étude a été conçue dans l’objectif d’évaluer les effets d’une intervention nutritionnelle sur la composition et l’activité du microbiote intestinal, l’apport en nutriments, le comportement face aux aliments et les symptômes gastro-intestinaux chez des volontaires en bonne santé. Vingt-six individus en bonne santé ont été enrôlés dans cette étude. Il leur a été demandé d’adhérer à une alimentation contrôlée contenant des légumes riches en fructanes de type inuline et apportant en moyenne chaque jour 15 grammes de fructanes de type inuline. Trois jours de tests ont été organisés avant et après l’intervention nutritionnelle puis trois semaines après que les sujets aient repris leur alimentation habituelle. Les résultats montrent que les principales modifications observées dans le microbiote au cours de l’intervention se sont traduites par une augmentation de la proportion du genre bifidobacterium, une diminution du niveau de clostridiales non classés et une tendance à la baisse des Oxalobacteraceae. Ces modifications ont disparu trois semaines après la fin de l’intervention. Les participants ont montré une satiété plus importante, moins d’envies pour des aliments sucré, salés, gras ainsi qu’une tendance à avoir une attitude plus hédoniste à l’encontre de certains légumes riches en inuline. Seuls des épisodes de flatulence ont été rapportés par les participants au cours de l’intervention nutritionnelle et le transit intestinal n’a pas été affecté. Ces résultats soutiennent le fait que la consommation de légumes riches en fibres de type inuline intégrée à une alimentation saine devrait être favorisée chez des personnes en bonne santé. Hiel S et al., Effects of a diet based on inulin-rich vegetables on gut health and nutritional behavior in healthy humans. Am J Clin Nutr2019 ; 109 : 1683-1695.0 PartagesPartagezTweetezPartagez 25 juillet 2019