Infolettre 48 – 21 juillet : Vitamine C et douleur • Safran et humeur • Probiotiques et santé des gencives Vitamine CLa douleur peut être affaiblissante pour les patients hospitalisés, surtout si elle n’est pas bien gérée par les analgésiques conventionnels. Une accumulation de données indique que la vitamine C peut avoir, dans certaines conditions, des propriétés analgésiques et qu’elle pourrait donc atténuer la souffrance et améliorer la qualité de vie des patients. La douleur est un des symptômes du scorbut, la maladie de la carence en vitamine C qui se manifeste principalement par des douleurs dans les articulations et dans les muscles. Des rapports font également état d’adultes et de personnes âgées souffrant de semblables douleurs en raison de sévères déficiences en vitamine C. Les patients[1] hospitalisés ont fréquemment de faibles niveaux plasmatiques de vitamine C. Une fois hospitalisé, les traumatismes, les opérations chirurgicales, les infections … accélèrent la chute des niveaux plasmatiques de vitamine C. Les patients cancéreux ont souvent un plus faible niveau de vitamine C que des personnes en bonne santé. Il faut également noter que les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde ont des niveaux plasmatiques de vitamine C équivalents au tiers seulement de ceux de personnes en bonne santé. Un certain nombre d’études montrent que l’administration de vitamine C diminue les symptômes chez des patients souffrant d’un syndrome de douleurs locales chroniques à la suite d’opérations de fractures distales. Des patients souffrant d’arthrose ayant subi une opération chirurgicale des articulations ont également vu leur douleur réduite par la prise de 500 mg de vitamine C par jour pendant les 50 jours qui ont suivi l’opération. Des infections virales peuvent attaquer les tissus nerveux et causer des douleurs intenses, comme c’est notamment le cas du zona. Une étude a montré que l’administration de trois injections intraveineuses de 5 g de vitamine C sur trois jours à des patients atteints d’un zona a significativement diminué leur douleur, 8 à 16 semaines après la fin du traitement. Par contre, les patients n’ont constaté aucun effet pendant les quatre premières semaines. Malheureusement, de nombreuses études qui ont examiné les effets de la vitamine C sur la douleur n’ont pas tenu compte de sa pharmacocinétique. En effet, la saturation du plasma sanguin intervient avec une dose de seulement 200 mg par jour mais le niveau constant dans le plasma dépasse rarement 80µmol/L parce que la vitamine C est très efficacement excrétée par les reins. La vitamine C a une demi-vie de seulement deux heures dans le plasma. Cela veut dire qu’il est préférable, lorsqu’il s’agit d’administrer des doses élevées, de les fractionner et de les répartir sur la journée. Les effets bénéfiques de la vitamine C, dans le cadre de la douleur, pourraient être attribués à sa capacité à combattre le stress oxydantLe stress oxydant apparait lorsque l’organisme est soumis à tellement d’attaques par des radica.... Mais, en fait, les mécanismes impliqués sont beaucoup plus complexes. Elle a notamment aussi des propriétés anti-inflammatoires. Un article scientifique propose une nouvelle explication tirée des études montrant que l’administration de doses élevées de vitamine C diminue les besoins en analgésiques opioïdes chez des patients souffrant d’un cancer ou venant de subir une opération. La vitamine C agirait comme co-facteur de la biosynthèse des peptides opioïdes aminés. Quels que soient les mécanismes impliqués, la vitamine C est peu coûteuse et semble être un traitement adjuvant sûr et efficace pour soulager certaines douleurs. Elle permet, notamment, de réduire les besoins en analgésiques opioïdes chez certains patients, réduisant ainsi également leurs possibles effets secondaires. D’autres études sont nécessaires pour confirmer ces données, vérifier certains aspects et notamment que certains groupes spécifiques de patients répondent bien à la supplémentation en vitamine C, déterminer la meilleure voie d’administration, la dose et la fréquence optimales d’administration ainsi que les possibles mécanismes d’action. [1] Carr AC et al., The role of vitamin C in the treatment of pain : new insights. J. Transl. Med. 2017 ; 15 : 77. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez SafranLe safran, extrait du Crocus sativus, est une épice dont l’usage remonte à plus de 3 000 ans et on la retrouve sur des fresques dans le palais de Cnossos, en Crète ou dans les ruines d’Akrotiri sur l’île de Santorin. Son utilité dans le domaine de la santé est bien moins connue que son usage culinaire. Pourtant, les Egyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains de l’Antiquité l’utilisaient aussi pour ses vertus médicinales. Le safran était notamment employé pour stimuler les règles, soulager les douleurs spasmodiques ou les symptômes de la dépression. On le surnomme l’or rouge en raison de son prix élevé dû au fait qu’il faut 150 000 fleurs de crocus pour obtenir un seul kilo de safran sec. On lui connait quatre principes actifs : La crocine et la crocétine, deux caroténoïdesLes caroténoïdes sont des pigments naturels qui apportent une coloration variant du jaune-orangé ... responsables de sa couleur jaune-orangée La picrocine qui lui apporte sa saveur et son goût amer, Le safranal à qui il doit son arôme et son odeur. Une étude[1] a été conçue dans l’objectif d’examiner l’effet d’un extrait standardisé de stigmates de safran sur l’humeur, le stress et la qualité du sommeil d’adultes en bonne santé. Cent-vingt-huit personnes faisant état d’une humeur en baisse mais sans diagnostic de dépression ont été enrôlées dans cette étude. Elles ont reçu chaque jour pendant quatre semaines 28 mg ou 22 mg d’extrait de safran ou un placebo. L’humeur des participants a été mesurée au début et à la fin de l’étude en utilisant des tests classiques. L’analyse des résultats montrent une diminution significative de l’humeur négative et des symptômes de stress et d’anxiété avec la prise de la dose de 28 mg par jour d’extrait de safran. La dose de 22 mg n’a pas eu d’effet significatif. Les auteurs de l’étude concluent que la prise d’un extrait de stigmates de safran améliore l’humeur, réduit l’anxiété et gère le stress sans provoquer d’effet secondaire. [1] Kell G. et al., affon a novel saffron extract (Crocus sativus L..) improves mood in healthy adults over 4 weeks in a double-blind, parallel, randomized, placebo-controlled clinical trial. Complementary Therapies in Medicines, Vol 33, Aug. 2017 : 58-64. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez ProbiotiquesLa maladie parodontale touche les tissus buccodentaires et on distingue deux stades : La gingivite, une inflammation de la gencive causée par la plaque dentaire. La gencive est gonflée et saigne facilement. A ce stade la maladie est réversible. La parodontite, le stade avancé de la gingivite. Elle est caractérisée par un déchaussement et une mobilité anormale des dents. Elle s’accompagne d’une hypersensibilité et de douleurs dentaires. La première cause de maladie parodontale est une interaction entre des micro-organismes pathogènes et les mécanismes de défense de l’hôte. La plaque dentaire est considérée comme le premier facteur de risque de parodontite. Mais des bactéries pathogènes peuvent résider sur d’autres surfaces comme la muqueuse, la langue ou les amygdales. L’utilisation de probiotiques comme traitement adjuvant de la maladie parodontale a attiré l’intérêt de la communauté scientifique. Les probiotiques sont à l’origine définis comme des micro-organismes vivants qui exercent des effets bénéfiques pour la santé lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante. Une étude a comparé la composition de la lactoflore buccale de sujets en bonne santé avec celle de sujets présentant une maladie parodontale. Chez les sujets sains, les lactobacilles et, plus spécifiquement, le L. Gasseri, étaient en nombre plus important. Il a été montré in vitro et in vivo que les lactobacilles étouffent la croissance des bactéries pathogènes de la gencive et améliorent plusieurs symptômes de la maladie parodontale. La réponse immunitaire semble jouer un rôle dans la progression de la maladie parodontale. Le probiotique Lactobacillus plantarum L-137 tué par la chaleur (L-137 TC) est un puissant stimulant du système immunitaireSon rôle est de protéger l’organisme des agresseurs extérieurs et internes : virus, bactéries.... Une étude[1] randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo a été réalisée pour examiner les effets de l’administration par voie orale de L-137 TC sur le résultat du traitement de maintenance parodontale. Trente-neuf patients suivant un tel traitement ont été enrôlés et ont reçu quotidiennement pendant douze semaines une gélule contenant 10 mg de L-137 TC ou un placebo. Les résultats montrent une réduction du nombre de dents ou de sites avec des poches parodontales d’une profondeur supérieure ou égale à 4 mm dans les deux groupes. Cependant la réduction de la profondeur des poches était significativement plus importante dans le groupe prenant le L-137 TC que dans celui sous placebo. Ils indiquent donc que la prise quotidienne de L-137 TC peut diminuer la profondeur des poches parodontales chez des sujets suivant un traitement de maintenance parodontale. [1] Iwasaki K et al., Daily intake of heat-killed Lactobacillus plantarum L-137 decreases the probing depth in patients undergoing supportive periodontal therapy. Oral Health Prev Dent 2016 ; 14 :207-214.0 PartagesPartagezTweetezPartagez 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 27 juillet 2017