Safran et dépression post-partum Le safran aurait un effet comparable à celui de la fluoxétine dans le traitement de la dépression post-partum. La dépression post-partum partage les mêmes symptômes que le baby blues (changement d’humeur, tristesse, insomnie, irritabilité), mais d’une façon accrue et l’anxiété est aussi beaucoup plus développée. La jeune maman peut, par exemple, trop s’inquiéter de la santé et du bien-être du nouveau-né. Cette inquiétude peut se transformer en obsessions au point d’en arriver à penser à se faire du mal ou faire du mal au bébé. Les causes exactes de la dépression postnatale ou post-partum sont mal connues et l’on pense que différents facteurs peuvent intervenir. Ce sont, notamment, les changements hormonaux qui accompagnent la grossesse et la naissance. Ainsi, à la naissance, les niveaux d’œstrogènes et de progestérone baissent de façon importante. Il peut en être de même des hormones thyroïdiennes et, dans ce cas, cela peut se traduire, entre autres, par de la fatigue et un sentiment dépressif. Juste après la naissance, les jeunes mamans vivent aussi des changements physiques et émotionnels. Elles peuvent ressentir des douleurs, avoir du mal à regagner leur poids d’origine et finir par douter de leur pouvoir de séduction et d’attractivité. Enfin, le stress de s’occuper d’un nouveau-né, le rythme de sommeil perturbé… entrent également en ligne de compte. 10 à 20 % des jeunes mamans souffriraient de dépression post-partum. Cette dépression survient généralement deux à huit semaines après l’accouchement mais peut aussi intervenir plusieurs mois après. Le traitement classique est constitué par des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Le taux de guérison est relativement faible avec ce type de médicament sans compter qu’ils ne sont pas exempts d’effets secondaires. Le safran, extrait du Crocus sativus, est une épice dont l’usage remonte à plus de 3 000 ans et on la retrouve sur des fresques dans le palais de Cnossos, en Crète ou dans les ruines d’Akrotiri sur l’île de Santorin. Son utilité dans le domaine de la santé est bien moins connue que son usage culinaire. Pourtant, les Egyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains de l’Antiquité l’utilisaient aussi pour ses vertus médicinales. Le safran était notamment employé pour stimuler les règles, soulager les douleurs spasmodiques ou les symptômes de la dépression. Des études ont récemment montré qu’un extrait de safran pouvait améliorer la dépression et les symptômes prémenstruels. Une étude[1] randomisée en double aveugle et contrôlée a comparé l’efficacité d’un extrait de safran à celle de la fluoxétine dans le traitement d’une dépression post-partum légère à modérée. Soixante-huit patientes âgées de 18 à 45 ans ayant accouché depuis quatre à douze semaines ont été enrôlées. Elles ont reçu deux fois par jour pendant six semaines 15 mg d’un extrait de stigmates de safran ou 20 mg de fluoxétine. A la fin de l’étude, 18,8 % des femmes ayant pris l’extrait de stigmates de safran et 21,9 % de celles ayant reçu la fluoxétine étaient guéries. Au total, 40,6 % des femmes du groupe safran et 50 % de celui de la fluoxétine ont répondu au traitement. Tous les sujets ont au moins eu une réponse partielle et il n’y avait pas de différences significatives entre les deux groupes. Les sujets du groupe fluoxétine ont eu plus fréquemment des maux de tête, la bouche sèche, des somnolences diurnes, des constipations et des suées. Les auteurs de l’étude déduisent de ces résultats que l’extrait de safran pourrait être aussi efficace que la fluoxétine pour améliorer les symptômes de la dépression post-partum. Les limites de cette étude sont constituées par sa courte durée, l’absence de suivi à long terme et la taille réduite de l’échantillon. Ils considèrent cependant que l’extrait de safran pourrait être une option de traitement prometteur pour les femmes souffrant de dépression post-partum. [1] Kashani L et al., Comparison of saffron versus fluoxetine in treatment of mild to moderate postpartum depression : a double-blind, randomized, clinical trial. Pharmacopsychiatry 2017 ; 50(2) : 64-68. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez0 PartagesPartagezTweetezPartagez 22 septembre 2017