Infolettre 111 – 5 octobre 2018 : Oméga-3 et sévérité des symptômes d’anxiété • Régime méditerranéen et dégénérescence maculaire liée à l’âge • L’usage de probiotiques réduirait-il les besoins en antibiotiques ? L’usage de probiotiquesLes résistances des agents pathogènes augmentent de plus en plus et constituent un important problème de santé publique. Selon le Centre de prévention et de contrôle des maladies d’Atlanta, il y a chaque année, rien qu’aux États-Unis, près de 2 millions de cas d’infections résistantes aux antibiotiques qui génèrent 23 000 décès. Les probiotiques sont utilisés pour prévenir et soigner un certain nombre de maladies gastro-intestinales. Mais leurs effets bénéfiques s’étendent en dehors du système digestif. Les effets des probiotiques sont dus à des mécanismes très variés, parfois dépendants des souches utilisées. Ils peuvent inclurent le renforcement de la structure et du fonctionnement de la barrière intestinale, des interactions avec des composants du système immunitaireSon rôle est de protéger l’organisme des agresseurs extérieurs et internes : virus, bactéries... ou la production dans l’intestin d’acides gras à chaîne courte. Les probiotiques peuvent également influer de façon directe ou indirecte sur la stabilité, l’expression et la composition du microbiote. Des données suggèrent qu’une supplémentation en probiotiques réduirait les épisodes d’infections communes incluant les diarrhées et les infections du système respiratoire. De plus, elle diminuerait la durée des symptômes de maladies respiratoires chez des adultes et des enfants par ailleurs en bonne santé. Réduisant l’incidence et la sévérité des infections communes aiguës, les probiotiques pourraient être associés à une diminution de l’usage des antibiotiques. Si c’était le cas, ils pourraient aider à contrôler l’émergence des antibiorésistances. Pour le vérifier des chercheurs ont effectué une revue systématique des essais contrôlés randomisés évaluant l’impact d’une supplémentation en probiotiques sur l’usage d’antibiotiques pour traiter des infections aiguës communes. Ils ont sélectionné dix-sept études. Toutes portaient sur des enfants. Le premier objectif de la supplémentation était de prévenir les infections aiguës du système respiratoire et de l’intestin ainsi que les otites moyennes. Les études ont utilisé treize formulations différentes de probiotiques, toutes comprenant des lactobacilles et des bifidobactéries, seuls ou combinés. Les probiotiques étaient apportés par des aliments ou par des compléments alimentairesLa directive européenne 2002/46/CE définit les compléments alimentaires comme des denrées alimen.... Sur les dix-sept études analysées, seulement douze précisaient le nombre d’enfants auxquels des antibiotiques avaient été prescrits, dans le groupe supplémenté et dans celui sous placebo. Les résultats indiquent que les enfants qui ont consommé des probiotiques pour prévenir le risque d’infection avaient un risque relatif significativement plus faible de recevoir une antibiothérapie. D’autres études sont nécessaires, sur d’autres populations et, en particuliers, sur des personnes âgées, pour vérifier qu’une consommation prolongée de probiotiques est bien associée à une réduction globale des prescriptions d’antibiotiques. King S et al., Does probiotic consumption reduce antibiotic consumption for common acute infections ? A systematic review and meta-analysis. European Journal of Public Health, 2018 ; 1-6. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez Régime méditerranéenLa dégénérescence maculaire liée à l’âge ou DMLA est une maladie qui entraîne une perte progressive de la vue pouvant aller jusqu’à la cécité complète. Elle est caractérisée par une disparition progressive des cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien puis de celles des photorécepteurs situés dans la macula. C’est un processus lent et il peut se passer cinq à dix ans avant que le sujet ne perde sa vision centrale. Le stress oxydantLe stress oxydant apparait lorsque l’organisme est soumis à tellement d’attaques par des radica... est impliqué dans le développement de la maladie. Il existe deux formes de DMLA : la forme atrophique ou sèche et la forme exsudative. La première représente 85 à 90 % des cas. Alors qu’il existe des traitements pour la forme exsudative, il n’y en a pas encore pour la forme sèche. Des chercheurs appartenant à plusieurs pays de la communauté européenne ont examiné la connexion des gènes et du style de vie avec le développement de la DMLA. Ils ont trouvé que les personnes qui suivaient un régime méditerranées diminuaient leur risque de DMLA avancée de 41 %. Ces travaux renforcent les données provenant de recherches antérieures et suggèrent qu’une telle alimentation est bénéfique pour tout un chacun, que l’on ait déjà développé une DMLA ou que l’on soit à risque de le faire. Un régime méditerranéen met l’accent sur une consommation moins importante de viande et plus importante de poisson. Il inclut également des fruits et légumes, de l’huile d’olive et des céréales non raffinées. De précédentes recherches l’ont associé à une espérance de vie plus longue et à une moindre incidence des maladies cardiovasculaires et du déclin cognitif. Dans l’étude portant sur les liens entre l’alimentation et la DMLA, les chercheurs ont analysé des questionnaires de fréquence de consommation d’aliments. Ces questionnaires avaient été remplis par près de 5000 personnes ayant participé à deux précédentes investigations : L’étude de Rotterdam qui a évalué le risque de maladie chez des personnes âgées de 55 ans et plus ; l’étude Aliénor qui a, elle évalué, l’association entre les maladies ophtalmiques et des facteurs nutritionnels chez des personnes âgées de 73 ans et plus. Les sujets de l’étude Rotterdam ont été examinés et ont remplis des questionnaires de consommation d’aliments tous les cinq ans sur une période de 21 ans. Ceux de l’étude Aliénor ont été vus tous les deux ans sur une période de quatre ans. Les chercheurs ont constaté une diminution de 41 % du risque de DMLA chez les personnes suivant le plus strictement le régime méditerranéen par rapport à celles qui ne le faisaient pas. Ils ont également observé que ce n’était pas des composants isolés du régime méditerranéen qui avaient cet effet. C’était, en fait, l’habitude de manger une alimentation riche en nutriments qui réduisait de façon significative le risque de DMLA tardive. Merle B.M.J. et al., Mediterranean diet and incidence of advance age-related macular degeneration : the ey- risk consortium. Ophtalmology, 2018 August 13 ; pii : S0161-6420(18)30721-8 0 PartagesPartagezTweetezPartagez Oméga-3Les troubles anxieux englobent un ensemble de problèmes psychologiques que l’on rencontre plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes. L’anxiété est caractérisée par la peur ou l’inquiétude que quelque chose de négatif se produise. C’est une émotion normale lorsqu’elle apparait en réponse à des situations perturbant notre sensation de sécurité. Elle devient pathologique lorsqu’elle perdure malgré la disparition de la situation perturbante, lorsqu’elle apparait constamment sans raison et qu’elle devient source de détresse. Les acides gras essentiels polyinsaturés oméga-3 comme l’EPA (acide eicosapentaénoïque) et le DHA (acide docosahexaénoïque) ont des effets potentiellement préventifs et thérapeutiques sur des troubles psychiatriques comme l’anxiété et la dépression. Des chercheurs ont examiné les effets anxiolytiques des acides gras oméga-3 sur des sujets avec des symptômes d’anxiété élevée dans des résultats d’essais cliniques. A cet effet, ils ont retenu dix-neuf essais randomisés contrôlés. Ces essais portaient sur un total de 2240 sujets âgés en moyenne de 44 ans. Les sujets ont reçu, en moyenne, des doses quotidiennes de 1600 mg d’acides gras oméga-3. Dans l’ensemble, les résultats montrent que les acides gras oméga-3 exercent de modestes effets anxiolytiques chez des sujets présentant différentes maladies physiques ou neuropsychiatriques. Bien que les participants et les diagnostiques soient extrêmement hétérogène, les chercheurs constatent cependant un résultat majeur : la consommation d’acides gras oméga-3 était associée à une réduction significative des symptômes d’anxiété par rapport à celle d’un placebo. De plus, cet effet était persistant. De surcroit, cette association était significativement plus élevée dans des sous-groupes avec des diagnostics cliniques spécifiques que dans ceux qui n’en avaient pas. Les sujets traités avec des doses quotidiennes de 2000 mg et plus d’acides gras oméga-3 montraient une réduction plus importante des symptômes d’anxiété. Par ailleurs, cette réduction était significative lorsque les suppléments apportaient moins de 60 % d’EPA mais pas quand ils en contenaient plus de 60 %. Les chercheurs concluent en recommandant la réalisation d’études cliniques plus vastes et bien conçues avec des doses élevées d’acides gras oméga-3 pour confirmer ces données. Su KP et al., Association of use of omega-3 polyunsaturated fatty acids with changes in severity of anxiety symptoms. A systematic review and meta-analysis. Jama Network Open 2018 ; 1(5) :e182327. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 19 octobre 2018