Infolettre 65 – 17 novembre : Curcumine, boswellie et maladie rénale • Graines de chia et perte de poids • Canneberge et infections urinaires Curcumine, boswellieLa maladie rénale, appelée également insuffisance rénale, désigne la diminution plus ou moins importante des fonctions des reins, quelle qu’en soit la cause. Les reins perdent leur capacité à filtrer correctement le sang et à en éliminer les déchets. Les personnes souffrant de maladie rénale chronique ont un risque plus élevé de maladie cardiovasculaire. L’inflammation, le stress oxydantLe stress oxydant apparait lorsque l’organisme est soumis à tellement d’attaques par des radica... et un dysfonctionnement endothélial sont des facteurs de risque à la fois pour la maladie rénale chronique et pour la maladie cardiovasculaire. Des médiateurs lipidiques de l’inflammation comme les eicosanoïdes sont impliqués dans la régulation de ces facteurs de risque et de différents processus physiologiques. Les eicosanoïdes sont produits grâce à des interactions enzymatiques avec la cyclooxygénase (COX), la lipoxygénase (LOX) et le cytochrome P450. Cela peut vouloir dire que des traitements qui interviennent dans les voies de la COX, de la LOX et du cytochrome P450 pourraient ralentir la progression des maladies rénales chroniques et des maladies cardiovasculaires. Dans ce domaine, la curcumine, le principal curcuminoïde du Curcuma longa et la boswellie se sont montrées prometteuses dans des études cellulaires et sur l’animal. Cependant, aucune étude n’avait encore été conduite sur les effets de la curcumine et/ou de la boswellie chez des sujets présentant une maladie rénale chronique. Une étude[1] pilote prospective, randomisée, en double aveugle et contrôlée contre placebo a été menée pour analyser les effets d’un complément alimentaire contenant de la boswellie et de la curcumine sur les dérivés des eicosanoïdes chez des sujets présentant une maladie rénale chronique. Tous les sujets ont été recrutés dans un centre de santé communautaire du centre du Texas et étaient tous âgés de plus de 18 ans. Une maladie rénale chronique à un stade débutant leur avait été diagnostiquée mais ils n’avaient pas commencé d’hémodialyse. Seize sujets ont reçu quotidiennement pendant huit semaines un placebo ou 824 mg d’un extrait purifié de curcuma apportant 95 % de curcuminoïdes associés à 516 mg d’un extrait de boswellie contenant 10 % d’acide boswellique. Ils ont tous poursuivi leur traitement habituel et continué à être suivi par leur médecin traitant. Les résultats montrent que la supplémentation en boswellie et en curcumine a eu un effet bénéfique sur les paramètres de l’inflammation et, plus particulièrement, a freiné l’augmentation de la prostaglandine E2, un médiateur de l’inflammation. Les chercheurs estiment qu’une étude de plus longue durée ou avec des doses plus importantes de principes actifs pourraient donner des résultats plus significatifs. D’autres études sont nécessaires pour confirmer si la boswellie et la curcumine peuvent constituer un moyen efficace de diminuer l’inflammation chez des patients souffrant de maladie rénale chronique. [1] Shemadine BD et al., A pilot study to examine the effects of an anti-inflammatory supplement on eicosanoid derivatives in patients with chronic kidney disease. J Altern Complement Med. August 2017 ; 23(8) : 632-638. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez Graines de chiaLes graines de chia (Salvia hispanica) étaient utilisées par la civilisation aztèque comme aliment de base et entraient dans la composition de nombreux plats de leur quotidien. C’est une source particulièrement riche en fibres et en acides gras alpha-linolénique. Elles contiennent également des protéines et des minéraux.Des études ont montré que la consommation de graines de chia diminue les facteurs de risque cardio vasculaire chez des sujets présentant un diabète de type II, réduit la glycémie postprandiale et prolonge l’effet de satiété.Une étude[1] randomisée, en double aveugle et parallèle a été conçue pour déterminer si la consommation pendant six mois de graines de chia augmentait la perte de poids lorsqu’elle était inclue dans un régime hypocalorique et comme complément d’un traitement conventionnel chez des patients obèses ou en surpoids présentant un diabète de type II.Soixante-dix-sept patients avec un diabète de type II diagnostiqué depuis au moins un an ont été enrôlés dans cette étude. Ils ont reçu quotidiennement 39,8 grammes de graines de chia ou un placebo à base de son d’avoine. De surcroit, ils avaient pour instruction de suivre un régime quotidien réduit de 500 Kcal. Ils ont reçu des séances de 30 minutes de conseils individuels avec un diététicien, au début de l’étude, deux semaines après son commencement puis, toutes les six semaines.Au bout de six mois, le groupe de patients qui a pris des graines de chia avait perdu significativement plus de poids par rapport à ceux sous placebo et par rapport au début de l’étude. Leur graisse androïde et gynoïde a également été réduite de façon significative et leur tour de taille a été diminué.Les auteurs de l’étude concluent que l’addition de graines de chia pendant six mois à un régime hypocalorique, en complément d’une prise en charge médicale standard, entraîne une petite, mais significative, perte de poids chez des sujets obèses ou en surpoids présentant un diabète de type II. Si cette réduction de poids est modeste, elle s’accompagne d’une diminution de la graisse viscérale, ce qui est cliniquement bénéfique pour ce type de population.Précisons que cette étude a été sponsorisée par l’association canadienne du diabète et qu’un des auteurs de l’étude est consultant pour des sociétés productrices de chia.[1] Vuksan V et al., Salba-chia (Salvia hispanica L.) in the treatment of overweight and obese patients with type 2 diabetes : a double-blind randomized controlled trial. Nutr Metab Cardivasc Dis. 2017 Feb ; 27(2) : 138-146.0 PartagesPartagezTweetezPartagez CannebergeLa canneberge (Vaccinium macrocarpon) est un arbuste à feuilles persistantes qui pousse dans les tourbières de l’est de l’Amérique du Nord et au Canada. On l’appelle aussi grande airelle rouge. Les Amérindiens consommaient ses fruits sauvages qu’ils appelaient « atoka ». Ils appréciaient ses effets bénéfiques pour désinfecter les plaies, sur les problèmes de vessie et des reins ou pour l’hygiène bucco-dentaire. Les infections du système urinaire peuvent être fréquentes, douloureuses, perturbantes et se produisent plus souvent chez les femmes. La bactérie responsable de plus de 85 % de ces infections est Escherichia coli. Les infections du système urinaire sont en général traitées par des antibiotiques. La virulence et la fréquence de ces infections ont renforcé l’intérêt pour la recherche sur le rôle joué par le jus de canneberge ou par des compléments alimentairesLa directive européenne 2002/46/CE définit les compléments alimentaires comme des denrées alimen... contenant un extrait de canneberge dans leur prévention. L’utilité de produits à base de canneberge pour prévenir les infections du système urinaire est sujette à controverses. Certaines études montrent des effets bénéfiques et d’autres non. Ces résultats divergents peuvent être expliqués notamment, par le fait que différents types de préparations à base de canneberge ont été évaluées sur des échantillons de population extrêmement divers. Une nouvelle méta-analyseC’est une technique statistique qui consiste à réunir les données provenant de différentes ét...[1] a inclus des essais randomisés contrôlés portant sur des femmes en bonne santé, âgées de plus de 18 ans avec des antécédents d’infection urinaire. Sept essais randomisés contrôlés avec un total de 1498 femmes ont été identifiés. Les résultats de cette méta-analyseC’est une technique statistique qui consiste à réunir les données provenant de différentes ét... montrent une réduction de 26 % du risque de récurrence des infections urinaires, suggérant que la consommation de canneberge pourrait être un moyen efficace de prévenir la récurrence des infections urinaires chez des femmes, par ailleurs, en bonne santé. Précisons que l’un des auteurs de l’étude a reçu un financement de la société Ocean Spray Cranberries. [1] Fu Z et el., Cranberry reduces the risk of urinary tract infections reccurence in otherwise healthy women : a systematic review and meta-analysis. J Nutr Oct 16. Doi : 10.3945/jn.117.254961 ; 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 23 novembre 2017