Infolettre 57 – 22 septembre : Safran et dépression post-partum • Probiotiques et infections nosocomiales • Canneberge et infections urinaires au masculin SafranLa dépression post-partum partage les mêmes symptômes que le baby blues (changement d’humeur, tristesse, insomnie, irritabilité), mais d’une façon accrue et l’anxiété est aussi beaucoup plus développée. La jeune maman peut, par exemple, trop s’inquiéter de la santé et du bien-être du nouveau-né. Cette inquiétude peut se transformer en obsessions au point d’en arriver à penser à se faire du mal ou faire du mal au bébé. Les causes exactes de la dépression postnatale ou post-partum sont mal connues et l’on pense que différents facteurs peuvent intervenir. Ce sont, notamment, les changements hormonaux qui accompagnent la grossesse et la naissance. Ainsi, à la naissance, les niveaux d’œstrogènes et de progestérone baissent de façon importante. Il peut en être de même des hormones thyroïdiennes et, dans ce cas, cela peut se traduire, entre autres, par de la fatigue et un sentiment dépressif. Juste après la naissance, les jeunes mamans vivent aussi des changements physiques et émotionnels. Elles peuvent ressentir des douleurs, avoir du mal à regagner leur poids d’origine et finir par douter de leur pouvoir de séduction et d’attractivité. Enfin, le stress de s’occuper d’un nouveau-né, le rythme de sommeil perturbé… entrent également en ligne de compte. 10 à 20 % des jeunes mamans souffriraient de dépression post-partum. Cette dépression survient généralement deux à huit semaines après l’accouchement mais peut aussi intervenir plusieurs mois après. Le traitement classique est constitué par des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Le taux de guérison est relativement faible avec ce type de médicament sans compter qu’ils ne sont pas exempts d’effets secondaires. Le safran, extrait du Crocus sativus, est une épice dont l’usage remonte à plus de 3 000 ans et on la retrouve sur des fresques dans le palais de Cnossos, en Crète ou dans les ruines d’Akrotiri sur l’île de Santorin. Son utilité dans le domaine de la santé est bien moins connue que son usage culinaire. Pourtant, les Egyptiens, les Perses, les Grecs et les Romains de l’Antiquité l’utilisaient aussi pour ses vertus médicinales. Le safran était notamment employé pour stimuler les règles, soulager les douleurs spasmodiques ou les symptômes de la dépression. Des études ont récemment montré qu’un extrait de safran pouvait améliorer la dépression et les symptômes prémenstruels. Une étude[1] randomisée en double aveugle et contrôlée a comparé l’efficacité d’un extrait de safran à celle de la fluoxétine dans le traitement d’une dépression post-partum légère à modérée. Soixante-huit patientes âgées de 18 à 45 ans ayant accouché depuis quatre à douze semaines ont été enrôlées. Elles ont reçu deux fois par jour pendant six semaines 15 mg d’un extrait de stigmates de safran ou 20 mg de fluoxétine. A la fin de l’étude, 18,8 % des femmes ayant pris l’extrait de stigmates de safran et 21,9 % de celles ayant reçu la fluoxétine étaient guéries. Au total, 40,6 % des femmes du groupe safran et 50 % de celui de la fluoxétine ont répondu au traitement. Tous les sujets ont au moins eu une réponse partielle et il n’y avait pas de différences significatives entre les deux groupes. Les sujets du groupe fluoxétine ont eu plus fréquemment des maux de tête, la bouche sèche, des somnolences diurnes, des constipations et des suées. Les auteurs de l’étude déduisent de ces résultats que l’extrait de safran pourrait être aussi efficace que la fluoxétine pour améliorer les symptômes de la dépression post-partum. Les limites de cette étude sont constituées par sa courte durée, l’absence de suivi à long terme et la taille réduite de l’échantillon. Ils considèrent cependant que l’extrait de safran pourrait être une option de traitement prometteur pour les femmes souffrant de dépression post-partum. [1] Kashani L et al., Comparison of saffron versus fluoxetine in treatment of mild to moderate postpartum depression : a double-blind, randomized, clinical trial. Pharmacopsychiatry 2017 ; 50(2) : 64-68. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez0 PartagesPartagezTweetezPartagez ProbiotiquesLe Clostridium difficile est associé à un tiers des cas de diarrhées relatives à une antibiothérapie et à près de 99,8 % de tous les cas de colite pseudo-membraneuse. Il est impliqué dans un large spectre de maladies gastro-intestinales allant des diarrhées sans complications à des colites pseudo-membraneuses et peut entraîner la mort. C’est la cause la plus fréquente des diarrhées nosocomiales. Le traitement de ces maladies va de l’arrêt de l’antibiotique incriminé à l’administration de vancomycine, de métronidazole ou de bacitracine. Malheureusement, 10 à 20 % des patients traités de cette façon rechutent. Ils sont alors également plus susceptibles de connaître des épisodes répétés d’infections. De nombreuses études randomisées contrôlées ont montré que des probiotiques spécifiques peuvent aider à réduire le risque d’infection à Clostridium difficile lorsqu’ils sont pris en même temps que les antibiotiques. Par contre, les données concernant le rôle de ces microorganismes bénéfiques associés à des antibiotiques au cours d’une infection à C. difficiles sont rares. Une étude[1] pilote a été conduite par des scientifiques des universités du Wisconsin et de Virginie sur trente-trois participants pour déterminer la faisabilité et les bénéfices pour la santé de l’ajout au traitement de probiotiques en cas d’infection légère à modérée à C. difficile. L’étude a duré 28 jours pendant lesquels les sujets ont reçu une fois par jour une gélule contenant quatre souches probiotiques ou un placebo. La capsule de probiotiques contenait du Lactobacillus acidophilus NCFM, du Lactobacillus paracasei Lpc, du Bifidobacterium lactis Bi-07 et du B. lactis BI-04. L’ajout de la prise des probiotiques au traitement a été associé à un raccourcissement significatif de la durée des diarrhées. Les probiotiques semblent donc un traitement adjuvant prometteur dans la prise en charge d’une infection à C. difficile et d’autres études randomisées contrôlées sur de plus vastes échantillons devraient être entreprises pour le vérifier. [1] Barker AK et al., A randomized controlled trial of probiotics for clostridium difficile infection in adults. Journal of antimicrobial chemotherapy,2017 August 23, dkx254 CannebergeLa résistance aux antibiotiques est une préoccupation croissante et de nouvelles approches sont nécessaires pour prévenir et traiter les infections bactériennes. La consommation d’extraits de canneberge contenant des proanthocyanidines de type A (PAC-A) en quantité suffisante pourrait réduire les infections de la vessie en limitant la capacité des bactéries à adhérer à sa paroi intérieure. Près de 30 à 50 % des hommes présentant une hypertrophie bénigne de la prostate ont fréquemment des infections du système urinaire nécessitant un traitement efficace. Les patients souffrant de cancer de la prostate traités par radiothérapie pelvienne externe ont également un risque accru d’infections du système urinaire. Une étude[1] a montré que la prise quotidienne d’extrait de canneberge contenant 36 mg de PAC-A pendant 60 jours a diminué de 75 % le nombre moyen d’infections urinaires chez des hommes souffrant d’hypertrophie bénigne de la prostate. Neuf cent vingt-quatre hommes âgés d’environ 70 ans souffrant d’un adénocarcinome traité par radiothérapie ont été recrutés dans une étude ouverte randomisée et contrôlée[2]. Ils ont reçu pendant six à sept semaines 200 mg par jour d’un extrait de canneberge contenant 30 % de PAC-A ou pas de traitement complémentaire. A la fin de l’étude, 10,8 % des hommes prenant l’extrait de canneberge et 24,6 % des sujets témoins ont eu une infection du système urinaire. Cette infection a été récurrente chez 0,8 % des sujets ayant pris l’extrait de canneberge et chez 2,3 % des sujets témoins. Les patients prenant l’extrait de canneberge ont également utilisé des antibiotiques pendant moins longtemps. La prise d’extrait de canneberge semble donc un traitement adjuvant prometteur pour réduire les infections urinaires chez les hommes âgés présentant une hypertrophie bénigne de la prostate ou chez ceux traités par radiothérapie pour un cancer de la prostate. [1] Ledda, A., et al. “Supplementation with high titer cranberry extract (Anthocran®) for the prevention of recurrent urinary tract infections in elderly men suffering from moderate prostatic hyperplasia: a pilot study.” Eur Rev Med Pharmacol Sci 20.24 (2016): 5205-5209 [2] Bonetta A et al., Enteric-coated and highly standardized cranberry extract reduces antibiotic and nonsteroidal anti-inflammatory drug use for urinary tract infections during radiotherapy for prostate carcinoma. Res Rep Urol 2017, 9 : 65-69. 0 PartagesPartagezTweetezPartagez 8 octobre 2017